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Cet événement avait été préparé par des négociations au cours desquelles lord Salisbury et l’ambassadeur anglais à Paris avaient présenté à l’appui de leur thèse des argumens peu cohérens, invoquant à la fois d’une part « le droit des conquérans, » de l’autre le droit du sultan ou du khédive sur des possessions que le gouvernement du Caire avait pourtant abandonnées, d’abord en fait, puis en droit par sa déclaration solennelle de 1883, renouvelée en 1885 et dont le gouvernement britannique avait lui-même distrait, en 1890, 1891, 1894, divers territoires au profit de l’Allemagne, de l’Italie, de la Belgique et à son propre profit. Ces deux considérations, assez mal conciliâmes, ont inspiré l’accord anglo-égyptien du 19 janvier 1899 qui forme comme la charte du Soudan oriental. Elles se trouvent nettement exprimées dans son préambule :

« Attendu que certaines provinces du Soudan, révoltées contre l’autorité de S. A. le Khédive, ont été reconquises grâce aux efforts militaires et financiers joints du gouvernement de S. M. Britannique et de celui de S. A. le Khédive : attendu qu’il est devenu nécessaire d’organiser un système administratif et législatif pour les provinces reconquises susdites en tenant compte des titres {claims) que le gouvernement de S. M. Britannique a acquis par droit de conquête à participer au présent ajustement de ce système administratif et législatif, à sa mise en œuvre et à son développement… »

Des prémisses ainsi posées, les clauses du traité déduisent diverses conséquences : « Les drapeaux britannique et égyptien flotteront l’un et l’autre sur terre et sur eau. L’autorité suprême civile et militaire sera exercée par un gouverneur général nommé par décret khédivial, sur la recommandation du gouvernement britannique et déchargé de ses fonctions également par décret khédivial avec le consentement du même gouvernement. Le gouverneur général exerce le pouvoir législatif en toutes matières par des proclamations qui doivent au préalable être notifiées à l’agent britannique au Caire et au président du Conseil des ministres d’Egypte. Nul consul, vice-consul ou agent consulaire ne sera accrédité, ni même autorisé à résider au Soudan sans le consentement préalable du gouvernement britannique[1]. »

  1. Articles 2, 3, 4, 10.