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Culture allemande dont je parlais ici le 15 juillet, M. le professeur Paterson, nous envoie d’Edimbourg une longue lettre où il s’efforce de prouver que le livre susdit n’est pas, comme je l’aurais affirmé, une « apologie passionnée » de la pensée et de l’art allemands, mais bien une étude impartiale, « calmement objective, » de la « contribution de l’Allemagne aux tâches supérieures du monde civilisé. » L’éminent professeur me parait s’être trompé, de son côté, sur le sens et la portée véritables du reproche que je me suis permis d’adresser au volume : en fait, j’ai surtout estimé que le moment était mal choisi, pour des écrivains anglais ou français, d’apporter aujourd’hui à une étude de ce genre une « impartialité calmement objective, » et que les auteurs du recueil auraient pu sans inconvénient attendre, tout au moins, la fin de la guerre pour nous rappeler que ces Allemands qui sont en train de se comporter à notre égard comme des bêtes sauvages se trouvent être, avec cela, « un des grands peuples de l’histoire, combinant en soi une partie des attributs intellectuels et esthétiques des anciens Grecs avec la sagesse pratique des anciens Romains. » Mais il sied que le lecteur puisse apprécier par soi-même la justesse de la protestation de M. Paterson, — sans compter que le texte de celle-ci renferme, parmi d’autres passages également significatifs, l’aveu très touchant d’une ombre de regret qu’éprouve, dorénavant, le professeur écossais au souvenir de son excès d’indulgence envers une race « qui paraît bien avoir conservé, dans son caractère, un énorme héritage de la brutalité des âges de barbarie. » Je serai seulement forcé d’ajourner au mois prochain la traduction et la publication de ce texte complet de la lettre, l’ayant reçue trop tard pour qu’il me fût possible de l’ajouter, par manière de post-scriptum, à ma présente chronique.


T. DE WYZEWA.