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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




L’empereur de Russie vient de prendre le commandement de ses armées, qu’il avait confié au début de la guerre au grand-duc Nicolas. On sait avec quelle supériorité celui-ci s’est acquitté de sa mission : l’Empereur a tenu à le reconnaître dans la noble lettre qu’il lui a écrite pour l’en relever. L’opinion générale est que le grand-duc a fait tout ce qu’il pouvait faire avec les ressources dont il disposait. Le commandement de l’armée du Caucase lui a été donné et il continuera, sur un nouveau théâtre, à rendre de précieux services à son pays. Mais l’Empereur a cru que, dans les circonstances difficiles que la Russie traverse, il était de son devoir de payer de sa personne et de donner au commandement suprême le maximum d’unité et d’autorité. Sa résolution produira dans toute la Russie une impression profonde. Nul ne se méprendra sur les intentions qu’elle révèle, et, au surplus, il a tenu, dans un télégramme qu’il a adressé au Président de la République, à manifester la solidarité de plus en plus étroite qui doit exister entre toutes les armées vouées à l’œuvre commune. Il l’a fait sous la forme la plus délicate en exprimant « les vœux les plus sincères pour la grandeur de la France et la victoire de sa glorieuse armée. » A quoi M. Poincaré a répondu : « Je sais qu’en prenant elle-même le commandement de ses héroïques armées, Votre Majesté entend poursuivre énergiquement jusqu’à la victoire finale la guerre qui a été imposée aux nations alliées. Je lui adresse, au nom de la France, mes vœux les plus chaleureux. » Cette volonté de vaincre coûte que coûte et en dépit de tous les obstacles, l’Empereur n’a pas cessé de l’exprimer ; jusqu’ici toutefois il ne l’avait fait qu’en paroles ; il était bon de leur donner la consécration d’un acte décisif, ne fût-ce que pour décourager définitivement les espérances dont se berçait hier encore l’Allemagne d’arriver à une paix séparée. Il y a