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Südekum, le Brummel de la socialdémocratie, jadis célèbre dans le parti par l’élégance et la variété de ses cravates multicolores, le même Südekum qui avait accompagné la princesse Louise de Saxe dans sa fuite en automobile hors de ses Etats, s’était rendu à Rome, en septembre, afin de justifier la conduite des socialistes allemands et de faire comprendre aux Italiens ce qu’était le tsarisme.

Mais nul, en Italie, n’ajoutait foi à l’audacieuse affirmation des Allemands se disant entraînés dans une guerre défensive. L’opinion avait été révoltée, du mépris des traités et des horreurs belges, des villes rasées, des œuvres d’art détruites, des otages massacrés. Elle jugeait, dès les premiers jours, que l’Allemagne, non la Russie, était à l’heure présente l’ennemie du repos et du paisible développement de l’Europe, que la Russie était moins agressive, moins pénétrée d’esprit militaire que l’Allemagne ; le socialiste italien della Seta fit le procès des Allemands, leur opposa l’exemple des unifiés en France, et Siidekum en fut pour ses frais de toilette et d’éloquence.

Les socialistes italiens étaient divisés en partisans de la neutralité et apôtres de l’intervention aux côtés des Alliés. Promoteur ardent d’une action contre l’Autriche, M. Mussolini quittait la direction de l’Avanti et fondait un journal, Il popolo d’Italia, destiné à cette propagande. Après l’entrée en campagne de la Turquie, les socialistes internationalistes se rendirent compte qu’ils n’étaient pas assez forts pour empêcher l’Italie de prendre part à la guerre. La Confederazione del lavoro et les députés socialistes écartèrent toute tentative de grève au moment de la mobilisation. Le parti se bornait à une protestation platonique.

Nous retrouvons Südekum, en Suède, puis en Roumanie, où il s’était rendu soi-disant pour quelque allaire de pétrole, entretenant, dans un restaurant de Bucarest, les camarades roumains des avantages et des bienfaits d’une alliance allemande.

En Hollande, Müller, membre du comité directeur, notre ancienne connaissance du Palais-Bourbon, assurait les camarades hollandais que le gouvernement impérial ne songeait nullement à toucher à l’indépendance de leur pays, et à imposer des rapports qui ne seraient pas dans leur propre intérêt. Mais les Allemands ont une singulière façon d’agir pour l’avantage d’autrui. Par prudence, les députés socialistes hollandais soutiennent les