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l’étranger ; mais, tout compte fait, elle a grandement aidé à la prospérité de notre premier port méditerranéen et, qui le croirait ? elle a surtout favorisé la création à Marseille de nombreuses industries[1].

La Révolution supprima la franchise que Napoléon fut fort enclin à rétablir, limitée au port ou à une zone. La Chambre de commerce de Marseille définissait, en l’an XIII, l’institution à rétablir en ces termes :

« Un port franc est une ville hors la ligne des douanes ; c’est un port ouvert à tous les bâti mens de commerce sans distinction, quel que soit leur pavillon ou la nature de leur chargement.

« C’est un point commun où vient aboutir, par une sorte de fiction, le territoire de toutes les nations. Il reçoit et verse de l’un à l’autre toutes les productions respectives, sans gêne et sans droits. »

Et le ministre d’Etat Chaptal, serrant de plus près le sujet, écrivait à cette époque :

« Si l’on ménage, dans une ville maritime et à côté de son port, une enceinte entourée de fossés ou de murs, isolée comme un lazaret, remplie de magasins comme l’enclos d’une foire, que les négocians puissent fréquenter librement, mais où personne ne sera admis à habiter ; que l’embarquement ou le débarquement puissent se faire directement ; que, du côté de la ville, il n’y ait qu’une issue avec un bureau de perception pour le passage des marchandises entrant dans la consommation et une poterne pour l’aller et la venue des commerçans et des gens de service ; si ces issues, qui s’ouvriront au jour et se fermeront à la nuit, sont gardées avec soin, on pourra laisser le négociant recevoir, emmagasiner, manipuler ses marchandises, les expédier par mer en franchise, le tout sans formalités ni registres.

« Hors de cette enceinte et à la sortie de l’enclos par la porte de l’intérieur, tout suivra l’usage ordinaire. On paiera les droits et l’on se conformera aux lois et règlemens, comme si les marchandises arrivaient pour être consommées.

  1. Nous croyons utile cette remarque, car on considère généralement la protection comme avantageuse à l’industrie, et l’histoire économique marseillaise à toute époque prouve, que c’est la liberté des transactions qui a provoqué la création du plus grand nombre des industries ou développé leur prospérité.