Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/657

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Borne, à l’Académie de médecine par M. le docteur Mosny, et, plus récemment, en ce qui concerne spécialement les soldats aveugles, par M. le docteur Bazy. Avec l’école de réadaptation de Lyon et quelques autres œuvres du même genre, nous sommes entrés dans la voie des réalisations. Personne n’a le droit d’ignorer ce qui peut se faire et ce qui doit se faire, parce que chacun de nous, directement ou indirectement, peut collaborer à cette partie de la tâche commune. Il y a là un état d’esprit à créer dans le public.

M. le docteur Borne distingue trois catégories de blessés : les hommes atteints d’impotence fonctionnelle curable, les mutilés aptes dès maintenant à la rééducation, et les invalides.

Il a été fait beaucoup déjà pour la première catégorie. Les services de santé militaire n’avaient, semble-t-il, rien prévu pour elle, et, au début de la guerre, on se contentait de renvoyer ces impotens fonctionnels dans leurs foyers. Rien ne pouvait leur être plus dangereux : privée de soins, leur impotence tendait naturellement à devenir chronique. Aujourd’hui, dans chaque région militaire, des établissemens de mécanothérapie et de massothérapie ont été fondés, qui fonctionnent de moins en moins imparfaitement. C’est de ces établissemens qu’ils sont justiciables. Théoriquement désormais les malades de cette première classe sont ou rendus à la santé, ou assimilés à la seconde catégorie ; avec le temps, un temps parfois assez long à la vérité, ils doivent retrouver la liberté de leurs organes ankylosés, l’exercice de leurs fonctions interrompues, et redevenir aptes à la rééducation.

Pour la seconde catégorie, qui se trouve ainsi enrichie, il importe de bien nous pénétrer de cette idée que les mutilés sont capables de travaux beaucoup plus variés et plus finis que nous ne sommes habitués à le considérer en France. Bien que ce soit chez nous, semble-t-il, qu’a germé la pensée généreuse de réadapter les mutilés à la vie utile, c’est hors de France surtout qu’elle a d’abord été appliquée. En Allemagne, au cours du XIXe siècle, des établissemens ont été fondés à Munich, à Stuttgart, à Nowawes, à Hambourg. Mais l’établissement le plus célèbre, l’établissement modèle par excellence, est celui de Copenhague, qui, fondé en 1872, est pourvu aujourd’hui d’un budget de plus de trois cent mille francs. Une clinique permet de soumettre les candidats à un examen