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particulière. Glascow avait 80 000 âmes en 1801 ; elle en a près de 800 000.

Au Sud-Est, Newcastle fut des premières à exploiter la houille dès le XIIe siècle. En 1739, elle dirige déjà une grande exportation de charbon qui s’étend jusqu’à Paris et Marseille. Bientôt, toute la Tyne, sur 19 kilomètres de long, devient un immense port, le long duquel se succèdent les usines : un vaste quai d’embarquement pour les charbons et pour les fers. Dans les dix dernières années encore, de 1901 à 1911, le nombre des habitans a grandi de 215 000 à 267 000.

Manchester est une très vieille ville ; mais, si l’industrie cotonnière introduite au XIVe siècle par des ouvriers flamands y a pris le développement que l’on sait, c’est parce que la vapeur, produite économiquement par les charbons du voisinage, a pu y être appliquée aux filatures. De 454 000 âmes en 1901, elle a passé à 715 000 en 1911.

Sheffield était un bourg féodal qui se livrait à l’industrie du fer. Sa suprématie dans le domaine de l’acier tient une fois de plus au voisinage des mines de houille. De 1801 à 1871, sa population avait sextuplé. Elle a atteint 380 000 âmes en 1901, 455 000 en 1911.

De Sheffield à Birmingham, dans les Midlands, c’est partout le royaume du charbon. Sur 25000 kilomètres carrés, plus de 40 000 manufactures et ateliers déversent leurs torrens de fumée.

Liverpool enfin n’est pas seulement une ville de la houille, mais aussi un centre de gravité pour les îles sœurs de la Grande-Bretagne et de l’Irlande, un point de départ pour les échanges internationaux. Néanmoins, ces avantages naturels n’ont fructifié que parce qu’elle a pu se relier directement aux villes industrielles, nées elles-mêmes des bassins houillers. Elle était tout indiquée pour connaître le premier chemin de fer et le premier bateau à vapeur. De 5 000 âmes en 1700, elle est montée à plus de 750 000.

J’ai peut-être trop multiplié ces exemples. Ils se résument en quelques chiffres d’ensemble. Au début du XIXe siècle, l’Angleterre, qui avait pris les devans dans l’industrie charbonnière, produisait plus de la moitié de la consommation mondiale : 7,5 millions de tonnes sur 13, les États-Unis n’intervenant pas alors. En 1911, la proportion sur la production