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le haut prix du combustible, — monte déjà à 60 millions ? Il nous faudrait, pour atteindre un chiffre convenable, doubler au moins notre production.

Pouvons-nous y arriver sur notre propre sol ? Certainement non. Dans un champ limité, avec des sièges d’extraction très coûteux en nombre restreint, les limites pratiques de la productivité sont presque mathématiquement déterminées. Nos mineurs ont beau être comptés parmi les plus habiles du monde : ils sont arrêtés en tous sens par des bornes inéluctables. On arriverait, d’ailleurs, si on voulait augmenter le rendement global de nos mines en multipliant les sièges d’extraction, à un épuisement très rapide. Voici, en effet, quelques chiffres suggestifs donnant, non les certitudes, non les probabilités, mais simplement les « possibilités » auxquelles peuvent atteindre nos réserves de houille jusqu’à 1 200 mètres de profondeur : Bassin du Nord et du Pas-de-Calais : 9,5 milliards de tonnes ; Dassin de Saint-Etienne : 685 millions de tonnes ; Bassin d’Alais : 958 millions de tonnes ; Fuveau : 1,3 milliards de tonnes de lignite ; au total, avec tous les petits gisemens du Centre : 13 milliards de tonnes, ou 17,6 milliards en poussant jusqu’à 1 800 mètres. Si la France élevait seulement sa production à 100 millions de tonnes qu’elle consommerait bien aisément, avant un siècle et demi il ne lui resterait plus une tonne de charbon dans des conditions utilisables.

Mais, si l’on ne saurait, pour cette double raison, augmenter notablement la production de nos mines actuelles, n’est-il donc pas possible de découvrir, sur l’étendue de notre sol, des gisemens nouveaux, comme viennent de le faire précisément les Belges, les Hollandais et les Allemands ? On entend souvent, à cet égard, des affirmations un peu hardies que justifie seule une grande confiance de joueur dans quelque entreprise aléatoire. La vérité est que l’on a déjà beaucoup cherché, à peu près partout où des sondages paraissaient offrir des chances sérieuses, et même souvent là où ces chances pouvaient paraître bien minimes. De tout ce grand effort courageusement et coûteusement poursuivi pendant plusieurs années, il a pu sortir et il sortira encore des résultats ayant une valeur industrielle ; aucun n’a présenté des proportions susceptibles de lui faire attribuer une valeur nationale. Et, là même où on a obtenu quelques demi-succès comme en Lorraine, l’effet productif en a