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ne surpasse les qualités. Mesurant la tâche accomplie par les Gens de guerre au Maroc, il s’écrie :

« A ceux qui ne savent pas ce que vaut l’épée de la France, parce qu’ils ne l’ont jamais vue frapper de la pointe et du tranchant, à ceux qui doutent, nous disons, nous qui avons vu, nous qui sommes sûrs : Ayez confiance ! L’arme que vous nous avez remise, nous l’avons éprouvée ; nous nous portons garans de sa précellence… Un jour, elle fera merveille, pour que demeure éternelle la patrie du Beau et du Bien. Haut les cœurs ! »


Haut les cœurs ! Tel est le principe du roman que Nolly publia dans le Figaro, après avoir remporté un vif, un franc succès avec son livre Gens de guerre au Maroc. Ce nouvel ouvrage s’appela d’abord A plein cœur ; puis, paru en volume, il s’intitula Le Chemin de la Victoire. Il portait en épigraphe une éloquente exhortation du vicomte E.-M. de Vogué, généreux, fécond penseur, ardent à ranimer les énergies défaillantes, dans l’œuvre de qui tant de coloniaux, — et non des moindres, — se plaisent souvent à chercher des directives : « Singulier conseil, et bien inutile, ce semble, à donner aux hommes : Vivre ! Pourtant, c’est celui qu’il faut répéter aux enfans quand nous les assemblons pour leur communiquer ce dernier mot de notre sagesse : « Vivez, vivez à plein cœur ; ce jeu ne va pas sans dangers, sans erreurs, sans souffrances ; mais tout est moins funeste que la peur de la vie, le sombre mal des siècles de décadence. »

Le sujet du Chemin de la Victoire se résume en quelques lignes. Pierre Jarrier, jeune sous-lieutenant d’infanterie coloniale, dès son début dans la vie militaire, influencé par des lectures mal digérées, est rebuté par l’existence de garnison qu’il mène. Il veut quitter le service. Peut-être même n’a-t-il pas cette velléité ; il n’en a aucune ; il n’a que des dégoûts. Par-dessus tout il éprouve l’horreur de l’effort. Désigné pour la Cochinchine, contraint de se mettre à la tâche, une mentalité nouvelle s’élabore en lui et la beauté de l’Œuvre, de l’œuvre entreprise par ses anciens et par ses camarades, lui apparaît. Aidé des excellens conseils que lui prodigue l’un de ses aînés, le lieutenant Louis Chambert, il devient un véritable officier et