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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 29.djvu/939

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REVUES ÉTRANGÈRES

LES MÉTHODES PÉDAGOGIQUES ALLEMANDES
JUGÉES PAR UN PROFESSEUR ANGLAIS


The Soul of Germany, par Thomas F. A. Smith, 1 vol. Londres, 1915.


Il n’y a guère plus d’un siècle que l’Allemagne s’est dégagée de l’état de servage ; et c’est pour une race aussi manifestement éloignée de sa pleine maturité que l’on a édifié un ample système d’instruction publique, chargé de l’approvisionner d’une foule de connaissances diverses, sans aucun égard pour l’aptitude propre de l’individu à recevoir et à s’assimiler ces connaissances. Tout Anglais comprend d’instinct combien il serait insensé de vouloir donner l’éducation de notre collège d’Eton et de notre Université d’Oxford au premier venu des enfans de nos villages ou de nos faubourgs : or, c’est là, bien exactement, ce qu’a fait l’Allemagne depuis près d’un siècle pour la masse entière de ses enfans. L’édifice de son appareil pédagogique est à la fois trop somptueux et trop lourd pour ses fondemens ; et le résultat en est que toute la nation allemande, individuellement et collectivement, se trouve aujourd’hui souffrir d’un excès de science, faute pour elle d’avoir le « caractère, » la force d’âme personnelle, qui serait nécessaire pour y faire contrepoids. Ou bien encore, suivant une expression familière anglaise, toute l’Allemagne d’aujourd’hui se trouve souffrir d’une « enflure de tête. »


Ces quelques lignes forment la conclusion d’une très intéressante série de chapitres consacrés par un éminent professeur anglais, M. Thomas Smith, à la peinture des nouvelles méthodes pédagogiques d’outre-Rhin ; et je dois ajouter que bien peu de témoignages avaient autant de chances de nous apparaître dûment autorisés, en semblable matière, que celui de cet ancien étudiant d’Oxford devenu ensuite privat docent de littérature anglaise à l’Université d’Erlangen, où il n’a point cessé d’observer de très près, et par le dedans, la vie