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LE FILS DU RÉGENT


I

Le Fonds d’Orléans, légué à l’Institut par le comte Beugnot, renferme un manuscrit inédit de Louis, Duc d’Orléans. Le Prince, cédant à l’instinctif besoin qu’ont les hommes sur le retour de revivre leur jeunesse morte, s’est plu, dans ces pages écrites pour soi, avec sincérité, sans recherche de littérature, à évoquer son enfance.

Ces souvenirs sont intéressans à un double titre : quelque effacée que soit la figure du fils du Régent, elle n’en impose pas moins l’attention historique due à un prince de la Maison de France. Nul d’entre eux n’est indifférent, car chacun est un anneau de cette chaîne qui relie notre Histoire ; chacun précise celui qui précède, explique celui qui suit. Puis, à travers les menus détails qui nous initient à l’éducation physique et intellectuelle d’un prince du sang au XVIIIe siècle, apparaît en maints endroits la tare psychique de cet esprit par ailleurs bien doué. Cette tare, que développeront les années, conduisit Louis d’Orléans au seuil de la folie ; une mort prématurée l’empêcha, seule, d’y sombrer.

Fils du Régent, aïeul d’Egalité, trait d’union entre le grand siècle et les temps nouveaux, ce prince parait comme un fruit singulier sur l’arbre de sa race ; en lui rien ne rappelle son père, rien ne fait présager son petit-fils. Cependant il revit étrangement dans la sœur de ce dernier, la mystique et folle Duchesse de Bourbon. Ses racines mentales plongent dans une