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écoliers qui ont préparé du chlore. Les principaux producteurs du minerai de ce métal sont donc des pays alliés ou neutres, et séparés de l’Allemagne par le blocus.

En 1913, l’Allemagne en a importé environ 670 000 tonnes, principalement de Russie. Elle n’en extrait elle-même qu’environ 90 000 tonnes et l’Autriche-Hongrie à peine 16 000 tonnes.

Tout cela ne prouve point que nos ennemis soient embarrassés dans leurs besoins en acier au manganèse, même par la suppression totale de leurs importations à ce point de vue. Il ne faut pas oublier en effet que l’Allemagne a exporté, en 1913, 4 300 000 tonnes de sa production d’acier, qu’elle peut aujourd’hui employer pour ses besoins et ceux de ses alliés, Austro-Hongrois, Turcs et… j’allais les oublier… Bulgares. Quant au manganèse, on le trouve, quoique à dose souvent faible, dans un grand nombre de minerais que nos ennemis n’avaient pas utilisés jusqu’ici à cause de la possibilité d’importer des minerais plus riches. Il est probable qu’ils auront pris leurs dispositions pour l’extraire depuis lors des minerais pauvres de leurs propres territoires. Tout cela, sans parler des réserves de manganèse, qu’avec leur méthodique esprit de précaution, ils avaient pu emmagasiner en prévision de la guerre qu’ils préparaient, nous laisse peu d’espoir de les voir embarrassés de ce côté.

Un autre métal, le chrome, sert à former avec le fer un alliage, le ferro-chrome, qui est utilisé pour faire des aciers spéciaux, aciers chromés nécessaires à la fabrication des plaques de blindage, projectiles de rupture et de diverses pièces de machine. La Nouvelle-Calédonie et l’Afrique du Sud sont les producteurs principaux des minerais de chrome. La Russie en produit aussi une certaine quantité, ainsi que l’Asie Mineure et la Grèce. Ces deux derniers pays n’ont pas dû manquer d’en fournir autant qu’ils ont pu à nos ennemis depuis que les autres sources de chrome leur sont fermées.

Le nickel est encore plus important pour la métallurgie guerrière. Il est un constituant indispensable de l’acier des canons et des plaques de blindage et de certains projectiles. Dans tous ces emplois son action est spécifique et ne pourrait sans doute être remplacée par celle d’aucun autre corps. La production mondiale du nickel a été en 1912 d’environ 26 000 tonnes, dont 85 pour 100 environ provenaient des mines du Canada, et le reste de la Nouvelle-Calédonie. Quant à la Scandinavie, à qui pourtant le nickel doit son nom, qui est, comme on sait, celui d’un des gnomes légendaires de là-bas, elle n’en a produit en 1912 qu’environ 400 tonnes, c’est-à-dire à peine 1,5 pour 100 de la