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production totale, le reste étant extrait des pays alliés. Les rares minerais de nickel situés dans les territoires de nos ennemis sont d’un très mauvais rendement. L’Allemagne a d’ailleurs importé dans les six premiers mois de 1913, environ 3 400 tonnes de nickel et 6 600 tonnes de minerais nickelifères, et n’en a exporté dans le même temps qu’environ 1-200 tonnes de nickel. C’est dire que la fourniture norvégienne ne peut lui suffire et que, sitôt épuisés les stocks qu’elle a pu emmagasiner, de ce métal, elle s’en trouvera cruellement démunie, si les flottes alliées font bonne garde.


Mais le plus important, après le fer, des métaux nécessaires à la guerre est sans contredit le cuivre. Il est, avec l’acier, le métal guerrier par excellence. N’est-il pas aussi celui dont la couleur se rapproche le plus de celle du sang ? Puis, on ne l’a pas assez remarqué, son nom lui vient de l’île de Chypre comme celui de la blonde Cypris. Il était dit que, de toutes manières, celle-ci aurait avec Ares des affinités.

Le cuivre est nécessaire à la métallurgie belliqueuse pour de nombreuses raisons dont voici quelques-unes : Il est le constituant essentiel du laiton qui forme les cartouches et les douilles des balles de fusil et celles aussi des obus modernes ; sous la même forme, il est indispensable pour la fabrication des fusées d’obus, de ces petites merveilles de mécanique chimique qui sont à l’obus ce que le cerveau est au corps. C’est lui qui sert à former tous ces fils téléphoniques et télégraphiques dont les milliers de kilomètres constituent le système nerveux indispensable des armées en présence. A cet égard, il ne peut être remplacé efficacement par aucun autre métal usuel, et notamment pas par le fer, dont il faudrait, à cause de sa conductibilité électrique bien moindre, un poids bien plus considérable et presque prohibitif pour obtenir le même résultat. Enfin (pour ne pas parler de ses nombreux usages dans la marine et de la balle du fusil Lebel) le cuivre sert à fabriquer cet organe essentiel qu’est la ceinture des obus. On sait en effet que tous les obus tirés par les canons rayés modernes sont entourés, non loin de leur base, d’au moins une « ceinture » de cuivre sertie sur le corps de l’obus-et faisant légèrement saillie.

Cette bande de cuivre qui est fixée sur l’obus, comme fait une alliance sur l’annulaire marital, a un double but. Mais avant d’aller plus loin il me faut ouvrir ici une parenthèse pour rappeler, à mes lecteurs, à quoi sert la rayure des canons.