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En outre, l’aluminium est employé par les Allemands pour fabriquer les bidons, quarts, gamelles, marmites de campement de leurs soldats.

Enfin, — car il faut se borner, — le précieux métal forme un des constituans des explosifs employés par nos ennemis dans leurs obus. L’ « Ammonal, » que les Austro-Hongrois emploient pour charger les obus de leurs batteries d’howitzers, est composé de nitrate d’ammoniaque et d’aluminium finement divisé, ce qui constitue un explosif extrêmement brisant.

En 1913, les États-Unis et le Canada ont produite peu près la moitié de l’aluminium extrait dans le monde, le surplus étant fourni pour parts à peu près égales par la France, les Iles Britanniques et la Suisse, en négligeant environ 800 tonnes produites en Italie. Les Alliés, en ce qui concerne ce métal, sont incontestablement mieux partagés que les Puissances centrales, d’abord parce qu’ils en peuvent importer ce qui leur manque, ensuite parce qu’ils en utilisent beaucoup moins que leurs adversaires (les fusées françaises ne sont pas en aluminium, non plus que les ustensiles de campement de notre armée). La France a d’ailleurs les plus beaux gisemens de matière première aluminifère de l’Europe avec sa bauxite, dont le nom vient, comme chacun sait, du village des Baux dans le Midi. Quant à l’Allemagne, — la contrebande mise à part, — elle en est réduite à ce que peut lui céder la Suisse de sa production, c’est-à-dire à bien peu de chose sans doute, pour satisfaire son gros appétit d’aluminium.


Parmi les métaux nécessaires aux nations qui font la guerre, nous n’aurons garde d’oublier l’hydrogène. À ce mot, je vois sourire plus d’un lecteur : surpris de voir l’hydrogène, le gaz subtil, rangé parmi les métaux, alors que depuis longtemps on a l’habitude de le ranger parmi les métalloïdes. Si on a cette habitude, c’est que le sens commun est une chose très différente du bon sens, et il n’est pas aujourd’hui un chimiste averti qui ne sache que, pour vingt raisons concordantes, l’hydrogène ne peut être qu’un métal, et que son état gazeux n’est pas plus un empêchement à cela que ne l’est pour le mercure, son état liquide. Quant à exposer les raisons, ce n’en est point l’heure ni le lieu aujourd’hui.

Quoi qu’il en soit, le métal hydrogène est absolument nécessaire-aux belligérans pour le gonflement des nombreux ballons de divers systèmes qu’ils emploient. L’hydrogène nécessaire a été pendant