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à la vitesse en plongée qui, chez les plus favorisés, n’atteint que 12 nœuds, il est nécessaire que cette faculté s’élève sensiblement aussi. C’est tout au plus si, à 15 nœuds, les submersibles d’escadre pourront obtenir, sur le point d’un vaste champ de bataille qui leur sera indiqué par le commandant en chef, ces opportunes concentrations d’efforts qui, seules, assurent le succès. J’espère qu’on n’en est plus à croire, comme il y a quelques années, que la vitesse est une faculté exclusivement stratégique. C’est aussi, et au plus haut degré, une faculté tactique.

Nul doute que, pour s’assurer ces vitesses en surface et en plongée, de fortes augmentations de déplacement ne soient nécessaires. Les ingénieurs qui, pour des raisons d’opportunité particulière, ne furent pas toujours partisans de cet accroissement rapide du submersible, admettent maintenant des déplacemens de 1 000 à 1200 tonnes en surface. L’Angleterre, dès le début de 1914, comptait en donner 950 à ses Ocean goingsubmarine. Il est clair que, par de petits fonds, les manœuvres de plongée et même la navigation courante dans cette position peuvent devenir fort délicates pour des bâtimens dont la longueur atteindra 80 ou 90 mètres et le tirant d’eau 8 ou 9 mètres, tout compris. Évidemment, comme je le disais plus haut, le grand sous-marin offensif, le submersible d’escadre, sera souvent obligé de naviguer en surface jusqu’à une certaine distance de la côte comme l’est le sous-marin défensif allemand qui parcourt les estuaires de la mer du Nord. Mais le premier, couvert par l’escadre à laquelle il est attaché et avec laquelle il sort de la rade-base d’opérations, n’aura pratiquement rien à craindre des aéroplanes ou des dirigeables de l’adversaire.

Quel rayon d’action attribuera-t-on à chacun des deux types de submersibles que nous examinons ? Je n’hésite pas à dire que la différence peut aller du simple au double. En effet, justement parce qu’il fait partie intégrante d’une force navale qui sera toujours en état de le réapprovisionner et qui, d’ailleurs, comprend un bâtiment auxiliaire spécialement aménagé ad hoc, le convoyeur et ravitailleur de flottilles, notre submersible d’escadre peut se contenter d’un millier de milles en surface, chiffre qu’il doublera d’ailleurs, quand cela sera nécessaire, en