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embarquant, au départ du port-base, du pétrole en surcharge dans ses water-ballast. Pour la plongée, position relativement exceptionnelle pour lui et dont la durée maxima est limitée, en somme, à celle d’un combat naval en haute mer, 30 milles à sa plus grande vitesse d’attaque lui suffiront. Encore sera-t-il largement doté puisque cela représente deux heures de marche à l’allure maxima, alors que les sous-marins actuels n’en ont, pour la plupart, qu’une heure ou une heure et demie.

Le submersible du large, ou de croisière, agissant seul et loin de tout, veut un rayon d’action en surface beaucoup plus étendu, 2 000 milles, normalement, 4 000 avec surcharge au départ, voilà les chiffres avec lesquels il faut compter maintenant. Si l’on en croit des renseignemens venus de bonne source, les submersibles allemands qui sont allés d’Helgoland aux Dardanelles étaient partis avec un approvisionnement correspondant à 3 000 milles, ce qui, je le reconnais, semble considérable pour des bâtimens qui ne déplacent, en définitive, que 675 ou 700 tonnes en surface et 850 environ en plongée. On sait, en tout cas, qu’ils n’arrivèrent pas à destination avec leurs caisses complètement vides, s’étant précautionnés de deux ou trois ravitaillemens en cours de route. Mais il faut bien se dire qu’après la guerre actuelle, de nouvelles conventions internationales seront conclues, qui rendront difficiles des opérations où les neutres peu scrupuleux trouvent tant de profit, et certains belligérans tant d’avantages.

Le rayon d’action en plongée du sous-marin de croisière devra être aussi calculé largement. Et voici pourquoi : établi dans sa zone de croisière, dont l’aire est forcément assez limitée pour un navire qui n’est point et ne sera pas de sitôt, en somme, un coureur agile, le submersible sera l’objet des recherches les plus attentives, exercées par les bâtimens légers et rapides de l’adversaire. Or, il est évident en soi et d’ailleurs l’expérience prouve que ces recherches sont d’autant plus efficaces que le sous-marin sera plus souvent obligé de revenir en surface pour procéder au rechargement de ses accumulateurs. C’est la phase critique, très critique de son existence et de son action militaire dans les eaux ennemies, que cette période où le moteur de surface doit être employé à la revivification de l’appareil de marche en plongée. Un bénéfice considérable sera réalisé, nous l’avons vu déjà, quand il n’y aura plus qu’un seul moteur pour