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Page:Revue des Deux Mondes - 1915 - tome 30.djvu/46

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42 REVUE DUS DEUX MONDES.

Un grand éclair de regret passa tout à coup dans ses yeux sombres; il ouvrit les bras... et, comme si ce n’était pas lui, ma douleur, j’ai pleuré bien simplement contre son épaule. Puis, nous avons redescendu, presque en courant, les allées déclives, dans le froid de plus en plus obscur. Il m’a mise en voiture; mon visage, tellement glacé, me faisait mal, et je cachais mon nez dans l’ouverture de mon manchon .

— Vous avez ma parole d’honneur, Juliette. Je ne viendrai pas ce soir. Je m’en vais. Mais j’ai aussi votre promesse...

— Oui, lui dis-je. Loyalement. Mais de toute façon, je ne vous reverrai plus... Adieu... pour très longtemps... Adieu.

— Adieu donc, Juliette, chère et inoubliable Juliette... La portière claque. L’auto démarre; par la petite vitre du fond vers laquelle je ne peux m’empêcher de tourner la tête, je vois Robert qui me regarde partir, et puis, passe lentement la main sur ses yeux...

Peu à peu, sa silhouette disparaît, et il n’est plus qu’un passant dans l’ombre.

Gérard d’Houville.

(La dernière partie au prochain numéro.)