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CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




La situation commence à s’éclaircir du côté d’Athènes, mais elle demeure obscure à Salonique. Les Puissances alliées ont remis au gouvernement hellénique une note destinée à lui faire connaître les conditions indispensables à leur sécurité à Salonique et à lui demander des garanties à ce sujet. Cette note n’a pas encore été rendue publique, non plus que la réponse qui lui a été faite avec une rapidité de bon augure, mais on assure que cette réponse est satisfaisante. Nous n’aurons donc plus rien à redouter, du moins du côté des Grecs, à Salonique : il reste seulement à savoir ce que nous y ferons. Quelques lumières sur ce point ne seraient pas inutiles, mais peut-être y aurait-il inconvénient à les demander dès maintenant trop précises. Aussi nous contenterons-nous de raisonner avec celles du simple bon sens.

Peut-être faut-il remercier M. Dragoumis, ministre des Finances du royaume hellénique, de l’indiscrétion avec laquelle il a parlé le premier du désarmement éventuel des Serbes et même des Alliés ai, à la suite d’une action militaire, ils étaient refoulés sur le territoire grec. M. Dragoumis a-t-il prévu la tempête qu’il a soulevée? Probablement non, sans quoi il s’y serait pris avec plus de ménagemens. M. Skouloudis lui-même, quoiqu’il soit diplomate, a par le avec la même imprévoyance et il a expliqué ensuite, pour s’excuser, qu’il l’avait fait en quelque sorte in abstracto, sans qu’il y eût dans sa pensée aucune intention de viser les Serbes et les Alliés. Il n’y pensait même pas. C’est, à la vérité, un principe du droit des gens que, lorsque des troupes armées entrent, en temps de guerre, sur un territoire neutre, elles y sont désarmées et internées ; mais il n’y a pas de règle sans exception, et les circonstances dans lesquelles nous sommes allés à Salonique sont elles-mêmes si exceptionnelles que les