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difficultés présentes, elle avait le souvenir du passé et qu’elle désirait y rattacher l’avenir.

Puis, la politique a eu son tour, et nous n’avons pas besoin de dire que M. Denys Cochin n’a pas oublié un seul instant l’objet sérieux de sa mission. Il a d’ailleurs trouvé à Athènes un ministre français qui, bien que nouveau dans ce poste, a su déjà y faire apprécier ses intentions et son caractère. M. Guillemin a donné à M. Cochin tous les renseignemens qui devaient lui être utiles et il a parlé lui-même, au nom de son gouvernement, de manière à se faire écouter. L’un et l’autre ont préparé les esprits à recevoir la note que les Alliés étaient occupés à rédiger. Entre temps, lord Kitchener, dont nous avons, il y quinze jours, annoncé le départ pour l’Orient, est arrivé, lui aussi, à Athènes et y a été accueilli avec le respect que mérite le plus grand soldat de l’Angleterre. Il ne pouvait pas être reçu comme M. Denys Cochin ; il n’est pas un philhellène notoire; sa visite a eu un caractère plus austère, mais elle n’a pas eu moins d’importance, et son séjour à Athènes, qui a été bref, a exercé sur les esprits une influence très efficace. La Grèce n’était d’ailleurs pas l’objet spécial de sa mission. D’après les renseignemens donnés par le gouvernement à la Chambre des Communes, il est allé en Orient faire une enquête générale sur la situation et plus spécialement sur la question des Dardanelles. Le général Monro, qui a remplacé sir J. Hamilton, n’a pas hésité à en conseiller l’évacuation, et sans doute il a eu raison ; les troupes des Dardanelles seraient probablement mieux employées à Salonique ; il y a là toutefois une très grave détermination à prendre, et on comprend sans peine que le gouvernement britannique n’ait voulu rien décider avant que la plus haute autorité militaire du pays ait été mise à même de se prononcer.

Les négociations d’Athènes n’ont pas été sans quelques difficultés. Il semblait impossible que l’accord final ne se produisît pas, mais il a été précédé d’explications assez laborieuses. A un certain moment, les gouvernemens alliés ont dû faire sentir toute l’importance qu’ils attachaient à une bonne et prompte solution des questions en cause et la légation d’Angleterre a communiqué à la presse une note qui a produit une impression profonde.

« En présence, y lisait-on, de l’attitude adoptée par le gouvernement hellénique au sujet de certaines questions concernant la sécurité des troupes alliées et la liberté d’action à laquelle elles ont droit en vertu des conditions mises à leur débarquement en territoire grec, les Puissances alliées ont jugé nécessaire de prendre certaines mesures