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lanceur de nouveautés allemandes, jamais l’Allemagne bismarckienne ne serait arrivée si tôt à construire cet établissement complet, ferme, usine et comptoir, dont elle tirait de si beaux revenus.

Dans l’ensemble, tout cet établissement bismarckien était fonde sur les réalités les plus solides, sur les calculs les plus certains, sur les expériences les plus probantes. Il limitait sagement ses ambitions et ses risques. Il n’embrassait que ce qu’il pouvait étreindre et ne demandait que ce qu’il avait le droit et le pouvoir d’obtenir. Il répondait en outre aux besoins les plus impérieux de l’Allemagne et de l’Europe, du présent et de l’avenir. Sa réussite importait aux autres presque autant qu’à lui-même : quiconque avait souci du bien-être et du progrès de l’humanité, ne pouvait qu’applaudir aux résultats de cet effort herculéen, sinon à tous les gestes et à tous les dires de cet Hercule, dont la franchise et la loyauté n’étaient pas la plus ordinaire vertu. Aussi les résultats en étaient-ils pleinement satisfaisans pour l’Allemagne :


COMMERCE SPECIAL DE L’ALLEMAGNE (en ri i ï 11 ï o il s de marks)


Importations « « Exportations « «
1880 1885 1890 1880 1885 1890
Matières premières 1 863 1 948 2 949 958 739 844
Manufactures 955 988 1 132 1 933 2 120 2 482
Total 2 819 2 937 4 145 2 892 2 859 3 36

D’une marche régulière et sûre, elle allait au développement progressif de toutes ses affaires : solidement appuyée sur son agriculture spécialisée et sur sa technique à jour, elle tirait de son sol et de son sous-sol assez de richesses pour combler l’écart de valeur entre ses importations et ses exportations, pour subvenir à ses besoins grandissans de confort et de luxe, pour payer et continûment amortir les coûteuses installations de son industrie et de son commerce et pour consacrer encore chaque année de nouveaux millions à son outillage, à son instruction et à son recrutement techniques. Ayant de quoi s’occuper et s’enrichir chez elle, elle pouvait n’aller chez les autres, ne leur acheter et ne leur vendre qu’au fur et à mesure de ses nécessités, à elle, et pour la seule considération de ses propres bénéfices. Elle pouvait donc choisir ses fournisseurs et ses cliens et ne risquer ses envois que sur les