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la guerre à l’Autriche, à la Porte et à la Bulgarie. Tout le monde a remarqué une lacune : pourquoi pas à l’Allemagne ? Nous savons bien ce qu’on répond à Rome : — Pourquoi l’Allemagne n’a-t-elle pas déclaré elle-même la guerre à l’Italie ? Elle le devait la première. — Laissons cette question : il semble qu’elle ne saurait plus rester longtemps en suspens, puisque l’Italie a adhéré à la Déclaration de Londres, et que cette adhésion comporte une solidarité complète et sur tous les points avec les Alliés. L’annonce qui en a été faite a été le passage le plus saillant, le plus important du discours de M. Sonnino; il a été applaudi avec enthousiasme. En voici le texte :

« Cette action en plein accord (avec les Alliés), qui a été poursuivie pendant plusieurs mois, dans la guerre aussi bien que dans les négociations, nous a persuadés de la nécessité de donner un témoignage public et solennel de la solidarité qui existe entre les Alliés par une Déclaration commune des cinq Puissances, qui renouvelle celle qui est intervenue entre la France, la Grande-Bretagne et la Russie le 5 septembre 1914, à laquelle dans la suite le Japon a adhéré : cet acte formel de notre adhésion a été signé à Londres. »

On connaît le document : les Puissances s’y engagent à ne pas faire de paix séparée et à en présenter les conditions en commun, après accord établi entre elles. C’est la solidarité politique ; il faut remercier l’Italie, non seulement d’y avoir adhéré, mais d’avoir choisi le moment actuel pour l’annoncer publiquement : elle ne pouvait pas donner une preuve plus manifeste de sa confiance dans la victoire finale, et cette confiance aussi est une force. L’Italie s’est rarement trompée dans ses prévisions politiques; sa perspicacité est bien connue; sa foi dans la victoire sera communicative. Nous sommes particulièrement heureux qu’elle se soit exprimée à propos des Balkans, qui semblent être devenus le pays de l’incertitude. Cela nous ramène au point qui nous occupe en ce moment : Que fera l’Italie dans les Balkans ? Peut-on compter sur elle à Salonique ? Son action s’exercera-t-elle ailleurs ? À ces questions, il est difficile de faire une réponse tout à fait précise : cependant l’Italie a déclaré trop résolument qu’elle viendrait au secours de la Serbie à son heure et à sa manière, et que cette heure serait opportune, et que cette manière serait efficace, elle a trop multiplié ces assurances pour que nous n’y croyions pas très fermement. Déjà elle a débarqué des troupes en Albanie : elle s’y occupe du ravitaillement de l’armée serbe, qui doit être dans une grande détresse matérielle, et elle l’y aidera à se reformer. Ce sont là, sans nul doute, de grands services ;