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au Ciel un cœur droit et livrons-nous avec confiance à ce qu’il nous impose.


PREMIÈRE PARTIE

L’existence des effets démontre celle de la cause et l’ordre qui règne dans l’Univers annonce son Auteur. Sans doute, on ne résiste jamais de bonne foi à cette vérité qui se démontre en s’énonçant, et le même homme qui prononce que celui qu’il entend raisonner est un être intelligent, se ment à lui-même, s’il n’aperçoit, dans l’harmonie constante de tous les êtres, que l’ouvrage de l’aveugle hasard.

Il existe une Intelligence suprême, voilà ce que nous dit la Nature, quand nous l’interrogeons dans l’embarras d’expliquer à nous-mêmes, nous et tout ce qui n’est pas nous. Si elle ne nous éclaire pas sur les attributs de la première cause, si, quand nous épuisons notre imagination pour en donner une idée sublime, nous ne faisons encore qu’attribuer à Dieu dans un degré éminent les qualités dont Il nous a doués, si nous ne fabriquons qu’un homme parfait, n’accusons que la faiblesse de notre entendement. La religion seule, portée sur l’aile de la Révélation, nous donne des idées plus saines. Mais enfin la Cause première nous suffit pour concevoir et saisir les rapports de justice fondés sur son existence.

S’il fallait, pour élever notre esprit à la Divinité, atteindre les hauteurs d’une philosophie sublime, concevoir les preuves morales tirées de l’idée que nous avons de l’infini, étudier, calculer les révolutions des mondes qui roulent et gravitent sur nos têtes, entrer dans le détail des preuves physiques que l’histoire naturelle offre à tous les pas dans la génération des êtres depuis le cèdre jusqu’à l’hysope, depuis l’insecte inaccessible aux instrumens inventés par l’industrie humaine jusqu’à l’éléphant qui, sous ses pas, fait trembler.la terre ; si cette étendue immense était nécessaire à l’homme, Dieu ne serait que pour les savans, et on ne pourrait pas attester le consentement universel des peuples, sous quelque aspect qu’ils aient envisagé le premier principe, comme une des plus triomphantes preuves de-son existence. Mais une vérité si nécessaire aux hommes devait se trouver à la portée de tous. Il ne faut être ni métaphysicien, ni naturaliste, ni géomètre pour avoir une idée intime de l’Etre suprême. Il ne faut que sentir, et si le savant