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Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/331

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d’arrière. L’embarquement nécessite quelques heures, de deux à trois heures en moyenne ; mais cela dépend beaucoup du matériel à charger et des commodités offertes par la gare, sous forme de quais et d’appareils divers. Mêmes délais pour le débarquement. Les trains militaires se déplacent à une allure compassée, en principe égale pour tous et de trente ou quarante kilomètres à l’heure. Ils se succèdent à intervalle réglé : une voie unique peut en laisser passer une vingtaine par jour dans chaque sens, une voie double 50, 60, 100, ou même davantage, selon les garages et le block-system. Sur certaines lignes et à certains jours nous sommes allés jusqu’à 220.

Il en résulte que le débit d’une ligne double serait, en gros, d’un corps d’armée par jour. Mais il y a encore à tenir compte de mainte circonstance, en particulier des embranchemens. On voit combien il importe de disposer d’un grand nombre de voies parallèles. A cet égard, notre réseau du Nord et les réseaux frontière allemands fournissent des facilités que ne se retrouvent pas sur les chemins de fer russes par exemple. Notons le développement donné par nos ennemis à leur système de voies stratégiques en Alsace-Lorraine depuis quelques années. Des voies nouvelles entre Metz et Château-Salins, entre Sarrebourg et Dieuze, entre Strasbourg et Vendenheim, entre Metz et Sarrelouis, par Bouzonville, entre Fribourg et Schlestadt, entre Huningue et Ferrette, entre Mulhouse et Wesserling, etc., des gares immenses, comme la gare de triage de Strasbourg, qui occupe 90 hectares, des quais de débarquement multipliés, marquent l’intérêt du réseau frontière pour l’armée allemande. L’ensemble des réseaux français représente 37 000 kilomètres de voie. En Allemagne, il y en a environ 60 000, en Belgique 7 300. Nos six grandes compagnies, en y comprenant l’Ouest-État, possèdent environ 15 000 locomotives, 30 000 wagons de voyageurs, 400 000 fourgons et wagons de marchandises. Le gouvernement allemand, qui préparait la guerre par tous les moyens, avait, en dehors du matériel d’exploitation pacifique, accumulé des réserves uniquement destinées au service des troupes.

Les chemins de fer ont d’abord réalisé les transports de mobilisation et de concentration. Chez nous, il a fallu 4 750 trains. Tout s’est passé dans le plus grand ordre. L’armée a encore besoin des chemins de fer, d’une façon permanente, pour deux