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été prêté 185 millions à la Serbie. Des avances ont été consenties à la Russie par l’Angleterre et la France. En outre, des conventions sont intervenues avec la Banque de Russie, pour lui fournir à Paris des fonds dont la contre-valeur était portée à Petrograd au crédit de la Banque de France., Cet avoir représente la plus forte part du chapitre « Disponibilités à l’étranger » qui figure pour plus d’un milliard (exactement 1 056 millions) dans la dernière situation de 1915 de la Banque de France.

Les avances que nous avons accordées ou que nous pouvons être appelés à fournir à divers pays alliés ou amis ont augmenté d’autant les besoins de notre propre Trésor, auquel les prêts de la Banque et les Bons ne suffisaient pas. Le ministre a eu alors recours à un troisième mode d’emprunt, tenant le milieu entre la Dette flottante ordinaire, à court terme, et les rentes consolidées, nous voulons parler des obligations décennales 5 pour 100 de la Défense nationale, qui sont remboursables au pair au plus tôt en 1920, au plus tard en 1925, et qui ont été créées par la loi du 10 février 1915 ; il en a été délivré jusqu’en novembre de la même année.

Ces obligations de la Défense nationale ont rencontré auprès du public un très bon accueil. Elles ont été demandées pour un chiffre qui n’atteint pas tout à fait la moitié de celui des Bons, ce qui s’explique par le fait que ces derniers attirent à eux la masse des capitaux qui ne peuvent s’engager que pour de très courtes périodes, des semaines, des mois tout au plus. D’autre part, les Français n’étaient pas accoutumés, avant la guerre, à ce type de valeurs d’Etat remboursables à échéance déterminée, intermédiaire entre le Bon qui est une véritable lettre de change et la rente perpétuelle, dans laquelle la notion du remboursement du capital disparait devant celle du paiement de l’intérêt annuel, seul engagement pris par le débiteur. Il s’est écoulé quelque temps avant que les capitalistes appréciassent tous les mérites de ce titre, dont le revenu réel dépasse 5 1/2 pour 100 et se rapprocherait de 6 pour 100, si le gouvernement faisait usage, dès 1920, de son droit de le rembourser au pair.

La loi récente qui a réglé les conditions d’émission de l’emprunt 5 pour 100 en rente perpétuelle, a suspendu l’émission des obligations de la Défense nationale et autorisé, conformément aux engagemens pris vis-à-vis des porteurs,