soigneusement encore, qu’elles s’abstiennent de soulever, à propos de problèmes d’intérêt général, des discussions qui puissent affecter la tournure ou l’apparence d’une querelle de personnes. Disons-le franchement : nous pensons à ce qui se passe présentement pour l’aéronautique militaire et dont nous ne savons rien, sinon qu’il ne fallait pas laisser poser une pareille question, ou qu’il faut immédiatement la résoudre.
Un gouvernement bien embarrassé, c’est le gouvernement grec. Nous avouerons qu’il a de quoi l’être, mais nous ne pousserons pas la bonté d’âme jusqu’à le plaindre. Lorsque la Bulgarie, se faisant la complice ou l’esclave de l’Austro-Allemagne, s’est jetée sur les Serbes épuisés par deux ans de lutte héroïque, la route était devant lui toute droite : il n’avait qu’à tenir sa parole, à venir en aide à ses alliés. L’engagement était clair et net, la conduite devait l’être aussi. Quoi qu’en ait dit la subtilité déplacée de fils attardés de Gorgias, les textes ne prêtaient nullement matière à épiloguer. Refuser de secourir la Serbie sous le prétexte qu’au lieu d’être attaquée par la Bulgarie seule, elle l’était par la Bulgarie assistée et poussée par deux grandes Puissances, était d’une casuistique fâcheuse, pour ne parler que de ce qui est de l’esprit. On se lançait ainsi en des volutes, spirales et détours, où l’on ne pouvait guère manquer de s’empêtrer et de s’emprisonner soi-même, d’autant plus que d’autres se déclaraient prêts à remplir le devoir auquel on se dérobait, et le prouvaient aussitôt par un acte. Déchirer un traité, en faire un chiffon de papier, est souvent beaucoup plus compliqué que de l’exécuter ; pour le faire, non point avec grâce, car le geste ne sera jamais beau, mais avec succès, il faut être ou très fort ou très habile. Si l’on n’est pas l’un ou l’autre, ou mieux encore l’un et l’autre, on le paye par toute sorte de tribulations. La morale a de ces revanches.
Les perplexités de M. Skouloudis ont augmenté naturellement à mesure que les Anglo-Français se sont consolidés dans Salonique, ont affirmé leur volonté d’en faire une base de résistance et éventuellement une base d’opérations ; à mesure, d’autre part, que les armées germano-bulgares, ayant brisé le suprême effort de la Serbie, se sont approchées de la frontière grecque. Depuis lors, chaque jour, presque chaque heure, a apporté son angoisse. Que se passerait-il si, en se repliant, les Serbes ou les Anglo-Français franchissaient cette frontière ? — Cette fois, grondait la diplomatie des Empires du Centre, la neutralité serait violée, et la Grèce, conformément aux règles du droit