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première jeunesse, joué son rôle à côté des protagonistes de la Restauration, a, depuis 1S85, si souvent tenu dans ses mains les rênes du pouvoir, le prince Ho, avait formulé dans les termes les plus saisissans le devoir et l’avenir du Japon, lorsqu’il a dit que c’était une partie de la mission nationale du Japon de remplir cette fonction d’ « honnête courtier » dans le contact inévitable des deux civilisations. Tel est bien le complément de l’œuvre du Japon, le couronnement de sa tâche historique.

Le Japon avait le sûr instinct de ses destinées, lorsqu’en 1902 il a conclu avec la Grande-Bretagne le traité d’alliance qui, pour la première fois, l’associait dans un dessein de politique générale à une grande Puissance d’Occident. Le progrès de cette même pensée l’a amené à conclure en 1907 et 1908 ses accords avec la France, la Russie, les États-Unis. Et quel était l’objet, en même temps que le principe, de ces divers accords ? C’était le maintien de l’intégrité et de l’indépendance de la Chine, la préservation du statu quo et de la paix de l’Asie, c’est-à-dire l’accomplissement des obligations et du devoir que le Japon avait lui-même envers sa grande voisine du continent asiatique. A dater de ce jour, le plus grand, le plus vital problème de l’Asie Orientale, la question chinoise, a pu être examinée et traitée dans une parfaite intelligence et entente par la grande Puissance de l’Asie et les quatre grandes Puissances de l’Ouest les plus intéressées à la sécurité et à la prospérité de l’Empire chinois. Quel lien plus étroit, plus efficace, aurait pu être noué entre l’Occident et l’Orient ? L’événement, au reste, ne tarda pas à démontrer, quelques années plus tard, lorsque éclata la Révolution chinoise, combien avait été opportune et prévoyante cette entente entre le Japon et l’Occident. Que serait-il advenu, quelles n’auraient pas été les conséquences de cette fin du régime impérial en Chine et de l’avènement soudain d’une République inexpérimentée, si le Japon et les-Puissances de l’Ouest ne s’étaient trouvés unis pour limiter et atténuer les effets de la crise, pour seconder dans ses débuts la République naissante ? Cette première mise à l’épreuve du lien établi entre l’Orient et l’Occident a été significative et péremptoire : elle a dès alors légitimé et justifié la part et le rôle qui appartiennent au Japon, s’a mission dans les rapports entre l’Asie, l’Europe, les États-Unis.

Ajouterai-jo que le Japon, en même temps qu’il s’unissait,