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et nos missionnaires, m’invitaient à reconstituer, dans des cadres qui m’étaient presque familiers, les aventures douloureuses et passionnées d’un homme qui a été tenté plus qu’il ne l’a dit par les aspects variés de l’univers et qui a mis au service de sa foi et de l’humanité toute l’inquiétude avec toute l’audace d’un étonnant explorateur.


LA PRÉPARATION A L’APOSTOLAT


I. — SES PREMIÈRES ANNÉES

Ses premiers biographes crurent qu’il était né en 1497, l’année où Vasco de Gama partait à la découverte des Indes orientales. Ils ne se trompaient que de neuf ans, et cette coïncidence flattait leur imagination au point qu’ils ne s’apercevaient pas que, si elle eût été vraie, François de Xavier n’eût achevé son cours de philosophie qu’en sa trente-troisième année. La réalité était pourtant assez touchante. L’enfant naquit le 7 avril 1506, qui était le mardi de la Passion ; et, ce jour-là, dans l’église de Xavier, on célébrait, par une messe chantée, la fête de saint Vincent Ferrier, l’apôtre de l’Occident.

Une légende, dont on ne s’explique pas l’origine, plaça son berceau, ou plutôt sa crèche, dans l’écurie du château. Mais, à la fin du XVIe siècle et au XVIIe, on montrait encore aux pèlerins, venus des diverses nations et jusque des Indes, la chambre du castillo où il avait poussé le premier vagissement. Son imitation de Jésus-Christ n’avait pas commencé si tôt.

Du reste, il y a beaucoup d’écuries plus confortables que ne l’étaient les chambres ou les réduits éclairés par une meurtrière dans cette vieille petite forteresse royale de Xavier. Elle était située sur une éminence, au versant d’une montagne, tout près du rio qui séparait son territoire de la province d’Aragon, et pas loin de la villa de Soz où était né Ferdinand le Catholique. A une demi-lieue, les rois de Navarre reposaient sous