Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 31.djvu/801

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
L’APÔTRE DES INDES ET DU JAPON

FRANÇOIS DE XAVIER

On a beaucoup écrit sur lui, et dès la fin du XVIe siècle. Dans ces dernières années, le Père Cros a donné deux gros livres, qui constituent la mine la plus riche de documens sur sa famille et son apostolat. La Société de Jésus lui a consacré deux tomes de ses Monumenta Historica. Sans parler d’autres ouvrages moins importans, mais encore remarquables, le Père Brou a composé un Saint François Xavier, qui compte parmi les plus solides et les plus beaux ouvrages de l’hagiographie française. Il peut sembler téméraire ou inutile de recommencer ce qui a été si bien fait. Mais quand se lassera-t-on d’écrire la vie des héros et des saints et de chercher dans l’étude de leur âme le secret de la grandeur humaine ? Je l’ai essayé à mon tour, et sans aucun parti pris de panégyrique. Sous l’auréole de la sainteté, toujours intacte, le visage de l’homme garde quelques ombres. François de Xavier est grand : il l’est plus encore parce que son histoire est celle de la première rencontre des temps modernes entre l’âme occidentale et l’âme de l’Extrême-Orient. Avec lui de nouveaux mondes émergent dans la pensée européenne, au soleil de la Renaissance ; et c’est toute l’Asie, — si près de nous aujourd’hui, — qui commence à déchirer son voile de mystère. Si j’avais besoin d’une excuse en abordant ce sujet après tant d’autres, je dirais seulement qu’ayant visité quelques-uns des pays où François porta l’Évangile, et particulièrement le Japon, l’impression directe que j’en ai reçue, les souvenirs que m’ont laissés nos missions