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LA HOUILLE VERTE.


siècles ; le canal d’Alaric, malgré la légende de son origine, n’étant pas autre chose qu’une utilisation plus ou moins empirique, sans plan d’ensemble, des eaux du bassin de l’Adour. Ce fut cependant pour l’alimentation de cette rivière et pour les irrigations de la plaine qu’elle arrose, que se firent, dans la seconde moitié du XIXe siècle, les premiers travaux importans dans la montagne. En 1851, on résolut d’utiliser les eaux du lac Bleu pour régulariser l’étiage de l’Adour. Sous la direction des ingénieurs Colomès de Juillan et Michelier, on essaya d’abord d’un siphon ; le moyen n’ayant pas réussi, on établit un tunnel destiné à enlever annuellement au lac une tranche d’eau de 20 mètres de hauteur ; mais, soit que les calculs sur les précipitations atmosphériques, fontes de neige, pluies, etc., etc., dans le bassin versant du lac, n’eussent pas été faits avec une exactitude suffisante, soit, comme est porté à le croire M. l’ingénieur en chef Bernis, que des perdans inconnus existent dans les parois du lac, ce ne fut qu’au bout de deux ans que le lac put être rempli de nouveau ; il a été, par suite, nécessaire de ramener la tranche d’eau pouvant être annuellement prise dans le lac à 15 mètres.

L’expérience, malgré cette erreur, avait été suffisamment concluante pour qu’en 1868, on songeât à utiliser les eaux du lac d’Orédon pour augmenter pendant l’étiage le débit de la Neste, afin de permettre la création du canal qui porte ce nom. Pour atteindre ce but, on reprit l’idée, mise en pratique dans les siècles passés, d’élever le niveau du lac au moyen d’un barrage ; ce barrage, qui, jusqu’à la fin du XVIIIe siècle, avait servi à emmagasiner les eaux nécessaires au flottage des bois, était tombé en ruines. À l’heure actuelle, les eaux emmagasinées permettent, avec l’aménagement des autres lacs de la haute vallée de la Neste, de disposer d’une réserve de 26 millions de mètres cubes d’eau, qui, sans nuire aux usagers d’aval, donnent la possibilité de desservir dix-sept rivières des départemens circonvoisins, d’arroser plus de 7000 hectares de prairies, d’assurer la marche de 400 usines. Lorsque la création du réservoir de l’Ouïe, appelé à assurer le fonctionnement de l’usine d’Éget, sera terminée, cette réserve des eaux dans la haute vallée de la Neste sera portée de 20 millions de mètres cubes à 32 millions.

Entre ces deux opérations, destinées à utiliser les eaux de la haute montagne, on avait, en 1866, concédé l’autorisation de

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