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prélever dans la Garonne, à Saint-Martory, l’eau nécessaire à l’entretien d’un canal, qui permet d’arroser 13 333 hectares, à raison de 75 centilitres par hectare et par seconde.

Tels sont les résultats acquis par les travaux exécutés jusques à la fin du XIXe siècle, grâce aux efforts isolés de quelques hommes d’initiative, mais sans qu’un plan général d’ensemble ait jamais été dressé. On a tout lieu d’espérer, on est même en droit de dire qu’on a la certitude qu’ils seront bien plus considérables dans l’avenir, les services des grandes forces hydrauliques ayant très nettement et pratiquement indiqué la voie à suivre pour aboutir.

III

Bien qu’à égalité de surface de bassin, les cours d’eau des Pyrénées paraissent mieux alimentés que ceux des Alpes provençales, on ne s’en est guère occupé que comme d’un fléau dont il importait avant tout de garantir la plaine.

C’est cette préoccupation qui, après les grandes inondations de 1875, a pour la première fois amené la création d’un service chargé d’une étude d’ensemble sur les eaux des montagnes pyrénéennes. En 1876, le ministre des Travaux publics chargea M. l’ingénieur en chef Gros, du service de l’annonce des crues dans les bassins de l’Adour et de la Garonne. Réorganisé en 1887, ce service fut placé, pour le contrôle des observations faites dans le bassin de la Garonne, sous la direction de l’ingénieur en chef d’Agen, et, pour le contrôle des observations faites dans le bassin de l’Adour, sous celle de l’ingénieur en chef de Pau. Jusqu’en 1898, les graphiques de hauteur d’eau et les tableaux de tenue des eaux furent régulièrement publiés, par les deux contrôles. À cette époque, l’administration supérieure jugea la somme de 900 francs, que coûtait cette publication, trop élevée, et, malgré les propositions des ingénieurs qui avaient trouvé le moyen de réduire la dépense à 500 francs, la publication fut supprimée à partir de 1905. Depuis trente ans, aucun grand désastre ne s’étant produit, les 200 et quelques millions de ruines de 1875 étaient oubliés.

J’ignore quelles conclusions pratiques résultent des travaux poursuivis depuis près de quarante ans par le service de l’annonce des crues, quels moyens il a proposés pour atténuer