Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/139

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

et Dalcroze donnaient, dans divers domaines, des exemples très suivis de l’autre côté du Rhin. En parvenant au terme de cette étude, nous retrouvons donc ce qui nous a frappé, dès le début, dans cette école : l’imitation.

Ainsi, l’art allemand d’aujourd’hui, médiocre dans la peinture, détestable dans la sculpture, emprunté dans la décoration, est toujours une adaptation, plus ou moins heureuse, des styles étrangers. C’est pourquoi n’avait-il jamais, jusqu’ici, fait parler de lui. On pensait qu’il n’en ferait jamais parler : on se trompait. Le manifeste pour la destruction de la cathédrale de Reims est, à cet égard, un coup de maitre. Ce texte où les sculpteurs, les peintres et les architectes se solidarisent avec les bombardiers, qui ont brisé nos statues du XIIIe siècle, n’est imité d’aucune œuvre ancienne, ne doit rien à personne : il est entièrement original. Il y a des exemples d’un pareil vandalisme, dans l’histoire : il est sans exemple que les artistes d’un pays se soient levés pour l’applaudir. Il faudrait, je ne dis pas pour les excuser, mais pour les comprendre, que, dans un délire d’ambition créatrice, ces hommes se fussent sentis capables de donner au monde un chef-d’œuvre en échange de celui qu’ils ont détruit. Or, ils ne le sont pas.


ROBERT DE LA SIZERANNE.