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pour ce même chiffre de 200 000 kilos, entre 700 et 300 têtes, suivant qu’il s’agit de bêtes petites comme en Bretagne, ou très fortes, au contraire, comme en Normandie.

Toutes les bêtes doivent être immatriculées ; elles le sont par les commissions de réception, au moyen d’une marque faite aux ciseaux ou à l’ocre ; cette dernière est d’application facile, mais s’efface à la pluie. Cette indication permettra d’exercer, s’il y a lieu, des poursuites contre un vendeur qui aurait livré des bêtes impropres à la consommation. Si une bête est blessée gravement au cours du transport, elle est abattue à l’arrivée et livrée aux usines de conserves, au cas où il en existe dans la localité ; sinon, elle est vendue ou consommée par le détachement ou les troupes de la garnison.

Lorsque les demandes de l’avant se ralentissent, le bétail s’accumule à l’entrepôt ou dans le parc de groupement ; il peut y avoir ainsi jusqu’à 1 000 ou 2 000 bêtes réunies. En été, il est facile de les parquer dans un herbage ; en hiver, cela est plus compliqué : on loue ou on réquisitionne des étables ou des hangars, dans lesquels on établit des installations de fortune pour les abreuvoirs, mangeoires, etc. ; mais, bien entendu, en cas d’épizootie, le danger de contamination est alors beaucoup plus grand qu’en plein air.

Le ravitaillement en viande fraîche est une des inquiétudes de l’avenir, pour le cas où la guerre se prolongerait. Il serait déraisonnable de réquisitionner les vaches pleines ou les vaches laitières, ou même un trop grand nombre de bœufs de travail, dans les pays où les travaux agricoles s’effectuent par leur moyen. Aussi, en certains départemens, la quantité des bêtes disponibles a notablement diminué. Pour éviter un trop grand appauvrissement du cheptel national, on a eu recours à l’envoi de viande provenant d’autres animaux, moutons ou porcs. Mais ces derniers voyagent moins facilement que le bétail bovin, surtout par les chaleurs ; aussi a-t-on été conduit à installer dans les stations-magasins des abattoirs avec des locaux destinés au flambage, salage, découpage en quartiers et étiquetage des morceaux. Chicago en miniature, une station-magasin moyenne préparait ainsi environ 200 porcs par jour, et, plus tard, quand il a fallu remplacer les porcs par des moutons, beaucoup plus petits et donnant plus de déchet, environ 600 moutons français ou algériens. Mais la préparation du