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Ce sont là les principales denrées qui constituent l’approvisionnement normal d’une station-magasin, mais il en est bien d’autres qu’elle est tenue d’avoir, ou tout au moins de pouvoir se procurer d’urgence en cas de demande de ravitaillement éventuel. Glycérine pour automobiles, en vue d’empêcher la congélation de l’eau dans les moteurs pendant les grands froids, bois, coke, charbon de bois ou de terre, savon, bougies pour s’éclairer dans les tranchées, pipes et papier à cigarettes, onguens pour les pieds des hommes et des chevaux, son, allumettes, alcool solidifié, les articles les plus divers peuvent être demandés, et le plus souvent par quantités énormes ; et il faut se les procurer dans les délais les plus rapides, dès la réception des télégrammes du directeur des étapes ou du commissaire régulateur qui les réclament.

Rien qu’en s’en tenant à ce qui constitue son approvisionnement normal, c’est par dizaines de millions de francs qu’au cours d’une année de guerre une grande station-magasin aura vu passer dans ses magasins les denrées de toutes sortes par elle expédiées sur le front. Certaines de ces denrées sont de conservation difficile, surtout par la chaleur ou l’humidité, et leur entretien en bon état n’est pas un petit embarras pour le personnel de la station-magasin. Et ce n’est pas la seule difficulté à laquelle il se heurte ; il y a aussi à craindre les fraudes de tous genres d’expéditeurs peu scrupuleux. Ce sont d’abord les fraudes ordinaires sur la qualité, contre lesquelles des lois récentes sont venues armer les acheteurs ; à cet effet, un chimiste, pris autant que possible dans le personnel de la station-magasin, est chargé à chaque réception de faire les analyses nécessaires. Mais il faut de plus surveiller de façon toute spéciale les fraudes sur la quantité, le volume ou le poids des denrées livrées. Insignifiantes lorsqu’elles se produisent sur une petite échelle, elles deviennent ici très graves à raison de l’énormité des chiffres en jeu. Si, sur un lot de cinq cents quintaux de conserves par exemple, chaque boîte pèse en moyenne 980 grammes au lieu d’un kilogramme, ou contient une proportion d’eau de 20 grammes de plus que la normale, c’est de 1 250 kilos que l’État se trouve fraudé. Si l’on songe que, justement en vue d’éviter certaines fraudes, les conserves pour l’armée sont achetées aujourd’hui au poids net, métal non compris, eau même égouttée pour les conserves de légumes, on