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peut ravitailler une armée à elle seule. Ce sera donc une centaine de wagons environ qu’elle devra faire partir chaque jour, et certains jours ce chiffre sera doublé ou même triplé, ce qui peut donner une moyenne de quatre à six mille wagons expédiés par mois. Et comme il lui faut, bien entendu, en recevoir, pour son réapprovisionnement à elle-même, un nombre presque aussi considérable, surtout si cette station, comme c’est le cas général, est située dans une ville qui n’est pas en même temps un grand port maritime, on peut juger par ces chiffres de l’importance du mouvement des trains dans une stationmagasin.

Il arrivera parfois que la besogne matérielle du chargement se trouvera facilitée par des circonstances favorables. S’il s’agit de denrées pour lesquelles la date d’entrée en magasin importe peu et qui n’exigent aucune manutention, on pourra faire repartir pour l’expédition du jour, sans leur faire rompre charge, une partie des wagons qui viennent d’arriver. Mais ce cas est relativement rare. Il faut d’abord supposer la réception par chemins de fer à voie normale, non par chemins de fer à voie étroite, voitures ou bateaux. La question ne peut, évidemment, se poser non plus pour les denrées préparées au fur et à mesure des besoins, et ce sont les plus nombreuses, pain, mélange d’avoine et de grains concassés, ni même pour celles qui doivent être l’objet, avant leur réexpédition, d’une manutention spéciale, triage, criblage ou vannage, par exemple. Il faut encore supposer des denrées de longue conservation, pour lesquelles il n’est pas nécessaire de renouveler fréquemment le stock en magasin ; autrement, on devra, bien entendu, expédier en premier lieu celles qui sont déjà emmagasinées depuis un certain temps et décharger les nouvelles arrivées, qu’on ne peut songer à conserver sur roues ; sinon, tous les wagons du réseau se trouveraient bientôt immobilisés dans les gares.

Il faut enfin qu’il n’y ait pas de vérification ou de réglage à faire, et c’est malheureusement le cas le moins fréquent. Pour faciliter la distribution au front, les sacs d’une même denrée doivent toujours être réglés au même poids, par exemple 40 kilogrammes pour le café, 50 pour le son, 75 pour l’avoine, 100 pour le sucre. Cela est très naturel et simplifie beaucoup la tâche des services de l’avant, mal outillés et manquant de temps pour vérifier le poids de chaque sac. Mais, comme