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de plusieurs convoyeurs. Un train complet doit en avoir au moins deux ; de cette façon, en cas de wagons différés, c’est-à-dire laissés en cours de route, régulièrement ou par suite d’accident, l’un d’eux pourra s’occuper de ces wagons, alors que l’autre poursuit sa route avec le reste du train. Souvent, les convoyeurs en question, après livraison de leur train à la gare régulatrice et vérification de son contenu, doivent faire retour à leur gare de départ avec un nouveau convoi : emballages vides, sacs, fûts, bidons ou caisses d’essence ; car, avec l’importance des envois sur le front, si ces emballages vides n’étaient pas réexpédiés, on courrait risque souvent de se voir obligé de cesser les expéditions, faute de pouvoir s’en procurer de nouveaux.

Les trains de ravitaillement envoyés par la station-magasin partent suivant des horaires établis à l’avance ; un certain nombre de « marches » sont réservées pour le service de la station-magasin, et ce nombre peut être augmenté en cas de nécessité. Quant au commerce et à l’industrie, malgré leur importance pour la vie économique du pays, en temps de guerre, ils ne viennent évidemment qu’en seconde ligne.

C’est seulement à l’arrivée à la gare régulatrice que prend fin le rôle de la station-magasin. A ce moment, en effet, l’officier gestionnaire de la gare régulatrice prend en charge les denrées reçues, dont il donne décharge au convoyeur. De là, elles seront dirigées sur l’armée à desservir, par chemin de fer toujours, jusqu’à la gare la plus proche du front, où elles seront livrées aux convois administratifs ou même aux corps directement, C’est alors la distribution finale, et avec elle cesse la mission de l’intendance militaire.


Ce que j’ai essayé d’esquisser dans ces quelques pages, c’est le tableau du fonctionnement normal d’une station-magasin. Mais ce cas d’un travail normal n’est pas toujours réalisé, et ce sont alors des efforts formidables qui deviennent nécessaires pour éviter ou atténuer les à-coups dans un service qui ne peut souffrir d’interruption. C’est déjà ce qui se produit sur une plus ou moins grande échelle chaque fois qu’une denrée importante, demandée d’urgence, manque ou se trouve en quantité insuffisante ; il faut savoir faire l’impossible pour se la procurer et l’envoyer dans le plus bref délai. Mais c’est surtout lors de la retraite du mois d’août que des circonstances, qu’on ne