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fois de plus aux Allemands la prétention qu’ils laissaient paraître de prendre pied au Maroc.

On connaît les péripéties de cette lutte diplomatique, souvent obscurcie par la duplicité allemande. La convention du 4 novembre 1911 en sortit. Elle consacrait le désintéressement territorial de l’Allemagne. Le gouvernement de Guillaume II reconnaissait notre protectorat sur l’empire chérifien où nous nous engagions à maintenir l’égalité économique entre toutes les nations. Nous cédions en échange à notre adversaire une notable partie du Congo.

La seule lecture des articles du nouveau traité suffit à prouver dans quel esprit peu amical l’Allemagne signa cet accord, cependant si profitable pour elle.

Elle voulait se ménager par les arrangemens précédens des occasions de peser sur notre politique générale et de la faire dévier. Mais, ses échecs successifs et la fermeté de nos alliances et de nos amitiés l’ayant contrainte à un changement de tactique, elle va dorénavant nous susciter dans notre Protectorat des difficultés telles que notre prise de possession définitive en sera retardée et sa mise en valeur compromise.

La diplomatie allemande sait prochaine l’heure de la grande conflagration voulue et préparée par elle. Elle estime que l’entreprise de conquête du Maroc, dans laquelle nous allons nous engager à fond, sera pour notre armée une cause de faiblesse.

Il semble qu’avec la patience, la science extraordinaire des détails qui caractérisent la race germanique, elle va s’employer par tous les moyens à nous rendre la tâche encore plus ardue.

Avant que sonne l’heure du grand duel, le Maroc deviendra donc pour nous, dans sa pensée, une plaie profonde, qu’elle saura entretenir et par laquelle un peu de notre sang et de notre force va s’écouler chaque jour.


L’accord de 1911 aurait dû ne laisser entre les Puissances contractantes aucun sujet de contestations nouvelles.

Il n’en a pas été ainsi, dès le premier moment, par l’évidente volonté de l’Allemagne. Si la question de notre protectorat n’était plus mise en cause par elle, chacune des matières dans lesquelles pouvait s’affirmer notre mainmise sur le gouvernement