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Tel fut le début de notre intervention militaire au Maroc. Notre occupation s’étendait l’année suivante sur toute la Chaouïa, mais nos progrès militaires nous étaient imposés par les attaques des tribus voisines de nos postes, et nous n’avancions qu’à regret, en multipliant les assurances de notre désintéressement. Cet état d’esprit timoré nous fit commettre plusieurs erreurs. Le sultan Abd-El Aziz avec lequel nous avions traité, fut renversé par son frère Moulay Hafid, sans que nous tentions rien pour le maintenir au pouvoir. Nous prenions même, un peu plus tard, vis-à-vis de ce dernier, l’engagement de retirer nos troupes des diverses régions du territoire marocain alors occupé par nous.

La transformation, progressivement imposée par les événemens, de notre situation au Maroc n’en suscita pas moins de nouveaux efforts de l’Allemagne pour combattre notre influence grandissante. L’affaire des déserteurs de Casablanca, survenue en 1908, révéla des faits d’une extrême importance. Les consuls allemands eux-mêmes s’employaient par tous les moyens à faciliter la désertion de nos troupiers.

L’accord franco-allemand du 8 février 1909 fut la suite de la décision arbitrale qui trancha ce grave différend.

L’Allemagne abdiquait une fois de plus toute prétention politique au Maroc, mais elle exigeait en échange une collaboration économique tellement étroite entre elle et nous que l’éviction des autres Puissances s’ensuivrait fatalement.

L’accord boiteux ne pouvait durer, les deux parties ne le comprenaient pas de la même façon.

De nouveaux événemens se produisirent. La révolte menaçant le Sultan assiégé dans sa capitale, nous étions conviés par lui, le 27 avril 1911, à délivrer Fez où nous arrivions moins d’un mois plus tard.

Cet événement raviva sans doute les désirs d’expansion au Maroc naguère caressés par la Wilhelmstrasse. Celle-ci, toujours réaliste, n’a jamais dédaigné les profits de toute nature que pouvaient, dans leur désir de conciliation, lui abandonner ses partenaires.

L’envoi de la canonnière Panther à Agadir date du 1er juillet 1911. Les négociations reprirent tout de suite entre M. de Kiderlen-Waechter et notre ambassadeur M. Cambon. Mais le veto de l’Angleterre fit promptement abandonner une