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Les troupes du Maroc, pouvaient être considérées comme les meilleures de notre armée. Elles étaient en effet entraînées par plusieurs années d’une campagne pénible. Toutes avaient vu le feu. Elles représentaient une importante fraction, la dixième partie environ, de l’ensemble de notre armée active, et c’est pourquoi on ne pouvait songer à les conserver sur place. Mais leur nombre ne présentait plus qu’une importance secondaire, si on le comparait à celui que le recrutement général de la nation armée pouvait mettre à la disposition des autorités militaires.

Le remplacement de ces magnifiques troupes de choc par des contingens de seconde ou de troisième ligne, en nombre égal ou inférieur, pouvait donc permettre, sans nuire à la sécurité du Protectorat, de donner à la Défense nationale tout ce qu’elle était en droit d’espérer de l’armée d’Afrique. Il est possible que ce raisonnement ait influé sur les décisions prises.

Nous possédions lors de la déclaration de guerre, comme l’indique une note parue le 14 septembre au Bulletin officiel du Protectorat, 48 bataillons dans le Maroc Occidental : 17 seulement furent maintenus sur place. Ils se composaient en majeure partie de contingens recrutés en Algérie, en Tunisie et au Sénégal. La répartition de ces troupes d’activé se fit uniquement à la limite des divers fronts occupés par nous avant l’agression allemande. La partie la plus importante de ces effectifs fut distribuée le long des frontières Zaïan. C’est là que le danger était le plus pressant. Lias, Kénifra, Kasba-Tadla, nos divers postes édifiés le long de l’Oum el Rbia jalonnaient cette ligne sans cesse parcourue au moyen de fortes colonnes mobiles.

Derrière ce réseau de troupes d’activé, assez solide pour maintenir les positions acquises, un certain nombre de bataillons formés des réservistes et des territoriaux recrutés sur place garnisonnaient dans les divers postes de l’intérieur. Enfin, les bataillons de territoriaux envoyés de France dès le début du mois de septembre furent répartis sur la côte, le long de la frontière espagnole du Gharb et auprès des voies ferrées, dans les régions entièrement pacifiées.

Ces dernières troupes ont acquis elles-mêmes, au bout de quelques mois, assez de cohésion pour pouvoir prendre part, fort honorablement, à des colonnes de police. Elles ont vu l’ennemi,