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souvenir que la production moyenne à l’hectare en froment de la France était d’environ 13 quintaux, que pour chaque augmentation d’un seul quintal, la France gagnerait ou économiserait 150 millions, que si le rendement moyen était de 20 quintaux... comme en Nouvelle-Zélande seulement, nous économiserions, au pays, au moins 1 milliard par an. Si enfin nous arrivions à un rendement moyen égal à celui du Danemark, c’est près de 3 milliards que nous gagnerions. D’ailleurs, la fertilité atteinte par le Danemark est loin d’être une limite maxima, comme nous l’avons vu, et nous prévoyons très bien le jour où elle sera largement dépassée... d’abord par le Danemark lui-même.

La situation que nous venons d’exposer ne peut que s’aggraver encore beaucoup après la guerre, car la main-d’œuvre rurale sera notablement plus rare qu’avant, et les animaux de trait manqueront. Déjà, on peut calculer que nous avons dû importer de l’étranger pendant la première année du conflit pour environ 300 millions de blé. C’est par milliards que se solderont nos achats annuels de produits alimentaires à l’extérieur, si les pouvoirs publics ne prennent toutes les mesures propres à améliorer le rendement de notre sol.

Le moment est venu de se souvenir que « les blés d’or » dont parle le poète ne sont pas seulement une image, mais une réalité dont dépend la richesse ou l’appauvrissement du pays. Mais il faut, comme disait Candide, cultiver notre jardin. Comment ne le ferions-nous pas avec joie, avec passion, puisque notre jardin, c’est la France ?


CHARLES NORDMANN.