Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/232

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


CHRONIQUE DE LA QUINZAINE.




M. le président du Conseil et ses compagnons de voyage sont revenus d’Italie enchantés de l’accueil qu’ils y ont rencontré. La France entière voudra partager leur satisfaction. Rien ne peut lui être plus cher que cette amitié retrouvée qui s’affirme de jour en jour davantage. A Rome aussi, l’enthousiasme est allé croissant. Malgré les menaces qu’une matinée maussade avait laissées dans un ciel encore mal essuyé, plusieurs milliers de personnes s’étaient rangées aux environs de la gare, pour assister à l’arrivée de nos ministres. Comme le train s’annonçait, le soleil a fait son apparition : heureux présage, en un pays où l’on n’a jamais négligé ces sortes de signes ou d’avertissemens. De la station centrale au Grand-Hôtel, la distance est très courte, il n’y a guère que la place des Thermes à traverser ; la première prise de contact a donc été des plus rapides. Néanmoins la curiosité sympathique que, pour bien des raisons, l’originale personnalité de M. Aristide Briand, vue, peut-être, un peu à travers la légende, devait éveiller chez un peuple artiste, n’a pas tardé à se changer en une agitation bruyante ; les acclamations ont retenti ; il a fallu se montrer au balcon. Une fois la glace rompue, là-bas, elle fond vite, et il n’y avait pas, heureusement, de glace à rompre. Presque aussitôt la chaleur est devenue extrême, moulant d’un degré à chaque sortie, pour atteindre son point culminant le soir du dîner donné à l’ambassade. Un cortège aux lanternes, pour ainsi dire improvisé, encadré seulement par ces mêmes associations du Transtévère qui jouèrent dans les événemens du mois de mai 1915 un rôle important, sinon décisif, et où revit, où survit plutôt l’esprit de la forte corporation romaine, part de la place Colonna, par le Corso Umberto I°, la place de Venise, siffle l’Autriche au passage, et, par le Corso Vittorio-Emmanuele, gagne le palais Farnèse. Drapeaux au vent, vert, blanc et rouge.