Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/238

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans les limites indiquées aux articles 1, 2 et 4, formera un État indépendant et perpétuellement neutre. Elle sera tenue d’observer cette même neutralité envers tous les autres États. » Cet article est transcrit, sans qu’il y soit corrigé une virgule, dans le projet de traité communiqué au roi des Belges, le 23 janvier 1839 ; puis, comme s’il ne suffisait pas, deux articles, 25 et 26, le surchargent d’une addition : « Les Cours d’Autriche, de France, de la Grande-Bretagne, de Prusse et de Russie, garantissent à S. M. le roi des Belges l’exécution de tous les articles précédens. — A la suite des stipulations du présent traité, il y aura paix et amitié entre S. M. le roi des Belges d’une part, L.L. M. M. le roi de la Grande-Bretagne, l’empereur d’Autriche, le roi des Français, le roi de Prusse et l’empereur de toutes les Russies de l’autre part, leurs héritiers et successeurs, leurs États et sujets respectifs, à perpétuité. »

L’autre jour, l’Autriche et la Prusse n’étaient pas au Havre, et pour cause : traités des Dix-Huit, des Vingt-Quatre, des Trente-Quatre articles, qu’est-ce que tous ces « chiffons de papier ? » L’Italie et le Japon, en revanche, non comme garans, mais comme alliés, ont assisté, en témoins, à la rénovation du serment par les trois Puissances qui y sont demeurées fidèles : leurs ministres ont tenu à faire constater leur présence, qui revêt la valeur d’une adhésion. La presse allemande a longuement et lourdement épilogue là-dessus avec une inconscience qui n’aurait de mesure que la malhonnête candeur du lecteur allemand, si celle-ci n’était sans fond et sans bords. A l’en croire, l’Italie se serait contentée de « ne point s’opposer à l’indépendance de la Belgique, » sans figurer positivement à l’acte solennel, qui en promet la restauration. Mais comment y figurerait-elle, n’ayant été, ni en 1831, ni en 1839, ni plus tard, parmi les Puissances garantes ? La Prusse ferait mieux de se regarder elle-même, et de se demander pourquoi, par quel parjure, par quelle trahison, son roi n’y figure pas. Si le nouvel engagement, n’a-t-elle pas honte d’insinuer, a été rendu public, c’est qu’il y aurait eu, entre le gouvernement belge et les gouvernemens de l’Entente, « des divergences d’opinions qui ne seraient pas fondées précisément sur la confiance. » Le monitoire est bon, venant de qui il vient ; et lorsque nous voudrons désormais fonder la confiance sur le respect scrupuleux des traités, nous irons en apprendre la manière à l’école du roi de Prusse ! Mais M. le baron Beyens a d’avance répondu : « Vos paroles auront un vibrant écho dans le cœur des Belges, soit qu’ils combattent sur le front, soit qu’ils souffrent dans le pays occupé ou