qu’ils attendent en exil l’heure de la délivrance, tous avec un égal courage. Les nouvelles assurances que vous venez de me donner confirmeront leur conviction inébranlable que la Belgique sera relevée de ses ruines et restaurée dans sa complète indépendance politique et économique. Je suis certain d’être leur interprète en vous disant que vous devez avoir pleine confiance en nous comme nous avons confiance en nos loyaux garans, car nous sommes tous résolus à lutter énergiquement avec eux jusqu’au triomphe du droit, pour la défense duquel nous nous sommes sacrifiés sans hésitation, après la violation injustifiée de notre patrie bien-aimée. »
Ah ! si l’Allemagne, au prix de la plus pesante et lassante patience, pouvait glisser sa pointe en quelque jointure de la cuirasse des Alliés ! Mais elle a la pointe un peu grosse ; et, contre cet estramaçon, la dague florentine parera et passera, en se jouant. Analysons le texte du Havre comme un texte d’histoire ; c’en est un.
Les Puissances alliées « renouvellent » donc « par un acte solennel » leurs engagemens envers la Belgique, après avoir, non moins solennellement, constaté qu’elle a été « héroïquement fidèle à ses obligations internationales. » Elles déclarent que, « le moment venu, » au lendemain de la victoire définitive : 1° le gouvernement belge sera appelé à participer aux négociations de paix ; 2° et qu’elles ne mettront pas fin aux hostilités : a) sans que « la Belgique soit rétablie dans son indépendance politique et économique ; » b) sans qu’elle soit « largement indemnisée des dommages qu’elle a subis ; » 3° qu’elles « prêteront leur aide à la Belgique pour assurer son relèvement commercial et financier. »
C’est bref et net ; c’est clair et pur comme un miroir sans tache, comme une vie sans reproche. Les Alliés peuvent se regarder dans les yeux et regarder la Belgique en face. Mais quelqu’un a dit : « A quoi bon la déclaration du Havre ? Elle ne contient que quatorze mots qui soient de la nouveauté : les autres ne sont que répétition ; et ces quatorze mots, « le moment venu, le gouvernement belge sera appelé à participer aux négociations de paix, » il était inutile, peut-être même était-il imprudent de les prononcer. N’auront-ils pas pour conséquence d’enlever à la Belgique sa position de neutralité ? N’est-ce pas préjuger de sa position future ? Traitant de la paix avec l’Angleterre, la France et la Russie contre l’Allemagne et l’Autriche, pourra-t-on dire encore de la Belgique qu’elle est neutre ? »
Il y a dans ces objections deux points distincts : la question de l’utilité de la phrase incriminée, et celle de sa témérité. Sur le premier