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LA PART
DE
LA MARINE MARCHANDE
DANS L’ŒUVRE DE DÉFENSE NATIONALE


« On ne peut sans la mer, ni profiter de la paix ni soutenir la guerre. »


Le 26 février, à quinze heures quarante-cinq, entre l’île de Malte et la Crète, la Provence-II, le plus beau navire de la Compagnie Générale transatlantique après la France, sombrait dans des circonstances assez mystérieuses. Il faisait beau temps, la veille était bien exercée sur le pont, tout à coup sans que personne eût vu ni sillage de torpille, ni périscope, une détonation terrible se fit entendre à l’arrière du paquebot, et celui-ci disparut en quelques minutes. Le steamer avait-il heurté une mine dérivante, était-ce un sous-marin inconnu qui l’avait frappé, on se le demande encore. Quoi qu’il en soit, devant ce douloureux sacrifice, il est impossible de ne point comprendre la grandeur de la tâche accomplie par notre marine marchande. Je voudrais, au cours de cette étude, exposer les services qu’elle rend à la Défense nationale ; la disparition de la Provence donne à un tel sujet une actualité saisissante, le navire naufragé étend sa grande ombre tragique sur ces pages.

Jamais en effet le jugement prophétique que Richelieu prononçait en 1626, devant l’assemblée des notables : « on ne peut sans la mer soutenir la guerre, » n’a reçu une confirmation plus éclatante qu’au cours des événemens actuels. Le cardinal