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soit par l’armateur pour le compte de l’Etat, soit par la Marine elle-même.

Dans le premier cas, l’armateur continue à recruter ses marins, à les payer, à les nourrir, à entretenir le bâtiment, à le fournir de matières consommables et à le réparer. Chaque mois, le propriétaire fournit les mémoires de ses dépenses, qui lui sont remboursées par la Marine.

Quand celle-ci se charge elle-même de la gérance des bâtimens réquisitionnés, les capitaines deviennent les mandataires de l’Etat et procèdent en son nom à toutes les opérations voulues, sous réserve d’en rendre compte. Cette gérance a été réglée par une circulaire récente du 1er décembre 1915. Le capitaine tient un carnet, sur lequel le représentant de la Marine inscrit à chaque escale le montant des avances faites ; à la relâche suivante, le capitaine doit justifier de l’emploi de cette somme à l’aide de factures de fournisseurs, d’états de payement du personnel, etc. Les directions de travaux doivent procéder à toutes les réparations jugées nécessaires sur les navires. Des recommandations précises ont été adressées à ces directions pour que les appareils évaporatoires soient l’objet de visites régulières, pour que les coques passent au bassin en temps voulu. Bref, la Marine a pris toutes ses précautions, afin que les navires confiés à sa charge soient aussi bien entretenus que possible.


II

Quelle est l’utilisation actuelle de cette flotte réquisitionnée ? A quels besoins répond-elle ? Nous allons essayer de l’indiquer avec toute la discrétion qu’un pareil sujet comporte. Pour plus de clarté, et sans tenir compte de l’ordre chronologique dans lequel les bâtimens ont été saisis par l’Etat, nous reprendrons la division de la flotte en trois parties : bâtimens militarisés autonomes, bâtimens militarisés rattachés à des groupemens spéciaux, bâtimens non militarisés.

Dans la première catégorie, nous trouvons les plus beaux échantillons de la flotte réquisitionnée. Ce sont les croiseurs auxiliaires : la Lorraine, construite en 1899, filant 21m,9, de 11 372 tonnes de jauge brute [1] ; la Provence, que nous venons

  1. Nous adopterons pour tous les navires réquisitionnés le tonnage de jauge brute qui figure à l’annuaire du Comité des armateurs de France. Ce tonnage est sensiblement inférieur au déplacement du navire, c’est-à-dire, à son poids réel, seul procédé de calcul du tonnage des bâtimens de guerre.