Page:Revue des Deux Mondes - 1916 - tome 32.djvu/423

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Nous avons également incorporé dans nos forces navales des éclaireurs auxiliaires, qui ont été choisis parmi les petits bâtimens rapides et de préférence parmi les yachts. Exemple : l’Atmah, au baron E. de Rothschild ; l’Éros, au baron H. de Rothschild, la Poupée, à M. Viennet. Le Rouen, qui appartenait aux chemins de fer de l’État, fait enfin avec ses 24 nœuds un excellent service d’éclaireur.

Des navires de gros tonnage figurent en outre dans cette catégorie, ce sont les navires-hôpitaux. À part quelques vieux transports militaires mal aménagés comme le Vinh-Long, le Bien-Hoa et le Dugay-Trouin, qui avaient fait autrefois les voyages de Chine et dataient de 1880, et de 1878, nous n’avions aucun navire pouvant être converti en transport-hôpital. Dès les premiers jours de la guerre, la Marine réquisitionna le Canada de la Cie Cyprien Fabre. Ce paquebot de 9 684 tonnes, affecté au service des émigrans, était particulièrement apte à recevoir les blessés et les malades, grâce à la transformation de ses vastes batteries en salles d’hôpital. Il fallut quelques jours à peine pour dégager les entreponts, approprier les salons et les fumoirs somptueux en salles d’opération claires et aseptiques et pour placer sur le spardeck des projecteurs destinés à la recherche nocturne des naufragés. Au Canada, on adjoignit dans la suite la Bretagne, de 6 755 tonneaux, le Ceylan, de 8 213 tonneaux, le Tchad, de 4 317 tonneaux, le Divona, de 6 484 tonneaux, le Saint-François-d’Assise, de 407 tonneaux, le Sphinx, de 11 374, et enfin la France-IV, le superbe courrier d’Amérique dont le tonnage est de 23 666 tonneaux et la vitesse de 24m,5. Tous ces navires ont servi à l’évacuation de nos blessés, notamment pendant les opérations de la presqu’île de Gallipoli. On sait que, par suite de la convention de Genève, ils sont protégés contre toute attaque ennemie après notification de leur affectation. Leur qualité ressort de la couleur de leur coque blanche, rayée d’une large bande verte, qui doit être éclairée pendant la nuit. Jusqu’ici, les sous-marins austro-allemands ont respecté ces navires-hôpitaux, à condition que ceux-ci ne se livrent à aucune démonstration pour signaler l’approche des sous-marins. Malheureusement, si les sous-marins peuvent distinguer leur adversaire, les mines sont aveugles ; il se peut que l’une d’entre elles fasse un jour sombrer un navire-hôpital dans les mêmes conditions que la Provence.