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ont été ravitaillées régulièrement et ont pu, en temps opportun, se décrocher de la presqu’île de Gallipoli avec une promptitude et une sûreté merveilleuses. Une douzaine de petits cargos, (exemple : Amiral-l’Hermite, Angele-Achaque, Edouard-Corbière, Gaulois, Glaneuse, etc.), dont le tonnage atteint généralement 500 tonnes, ont été rattachés au rôle Goliath-Shamrock, qui leur sert de mère Gigogne. Un nombre à peu près égal de remorqueurs font partie de ce groupement, leur force en chevaux variant de 150 H. P. à 500 H. P.

Si les directions des mouvemens du port commandaient simplement un développement de ressources préexistantes, les fronts de mer, en revanche, sont des créations entièrement nouvelles dues à l’état de guerre. Les fronts de mer, qui ont été placés, dans nos principaux ports de guerre ou de commerce (Dunkerque, Calais, Boulogne, Dieppe, le Havre, Saint-Nazaire, Marseille), sous la direction d’un capitaine de vaisseau, sont chargés de la police de la navigation, de la reconnaissance des navires, de l’entretien des chenaux de sécurité et du dragage des abords des bassins et des rades.

Les fronts de mer ont à leur disposition des arraisonnées, qui doivent se porter au-devant de tous les bâtimens qui se présentent dans nos eaux territoriales. Ces petits navires procèdent à la formalité de l’arraisonnement, c’est-à-dire à l’examen des papiers de bord. Ce n’est que lorsque cette visite est reconnue satisfaisante que les nouveaux venus sont admis à pénétrer dans nos ports. Les arraisonneurs leur communiquent les consignes générales et se chargent de les leur faire observer. Ce service de l’arraisonnement est extrêmement pénible ; il exige que l’on monte une garde vigilante, par tous les temps, de jour et de nuit, et comme le nombre des bâtimens affectés à cette mission est peu élevé, les arraisonneurs sont généralement obligés de passer trois jours sur quatre à la mer. Ce sont des navires de commerce, réquisitionnés avec leurs équipages, qui accomplissent cette rude corvée ; soit dans les ports, soit à l’entrée des fleuves, par exemple en Gironde ou à la barre de l’Adour. Une vingtaine de remorqueurs, de chalutiers ou de petits vapeurs sont chargés de l’arraisonnement, de la police de la navigation et de la police des rades. Un certain nombre de dragueurs, ou plus exactement d’arraisonneurs-dragueurs, leur sont adjoints ; grâce aux appareils de dragage dont ils sont fournis,