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ils procèdent constamment au nettoyage des voies d’accès de nos ouvrages. Leur tâche est singulièrement lourde depuis que nos ennemis viennent, à l’aide de sous-marins mouilleurs de mines, poser leurs engins à l’aplomb de nos jetées. Dans la Manche, notamment, nos dragueurs sont continuellement occupés à racler des champs de mines et grâce à leur vigilance on a pu jusqu’ici éviter bien des sinistres. Une raison que l’on comprendra m’oblige à ne point révéler le nombre exact de nos dragueurs.

Un motif analogue me contraint à beaucoup de discrétion touchant les chalutiers affectés aux flottilles de patrouilles. A l’encontre des fronts de mer qui étaient des organes de mobilisation prévus, les escadrilles de patrouilleurs constituent une innovation. Au moment où les sous-marins allemands engagèrent, autour des Iles Britanniques, leur campagne destinée à entraver le commerce de nos Alliés, ceux-ci cherchèrent par tous les moyens à se débarrasser de ces hôtes encombrans. On reconnut que le procédé le plus efficace à leur opposer consistait à répandre dans les zones menacées une nuée de navires à faible tirant d’eau, munis de pièces d’artillerie légère, et qui resteraient constamment à l’affût des submersibles. Les chalutiers à vapeur, que les Anglais possédaient en abondance, convenaient admirablement à ce dessein. Les chalutiers ne se contentent pas de détruire les coques de sous-marins, qu’ils surprennent à la surface, ils gênent surtout les évolutions de ces navires et les empêchent de semer les ruines sur leur route. Dès qu’un pirate est signalé, les patrouilleurs se portent à sa rencontre et engagent le duel d’artillerie. Combien de cette façon ont-ils sauvé de navires marchands ? En obligeant, enfin, leurs adversaires à rester en plongée constante, les escadrilles fatiguent et énervent les équipages sous-marins, dont les raids deviennent de plus en plus pénibles.

Suivant l’exemple de la Grande-Bretagne, nous avons organisé sur nos côtes des flottilles de chalutiers. Limitée d’abord à la Manche et à la mer du Nord, leur action s’est étendue successivement dans l’Océan, en Méditerranée occidentale, en Adriatique et dans le Levant au fur à mesure que les sous-marins allemands se déplaçaient. J’ai dit qu’il m’était impossible de donner la composition de ces escadrilles pour ne point laisser passer une indiscrétion dont nos ennemis pourraient profiter ; il m’est cependant loisible de faire connaître les ressources que