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lieutenans au long cours, est désigné. On installe sur le pont une ou plusieurs pièces d’artillerie légère, 47 millimètres ou 100 millimètres selon le tonnage. On embarque à bord un appareil de dragage, et le chalutier rallie le centre de la flottille dont il dépend. Il reçoit aussitôt les instructions de son chef de division et peut commencer sa patrouille qui s’effectue dans des zones bien déterminées. Il s’agit de monter une garde sévère : les canonniers de veille demeurent la crosse de leur pièce à l’épaule, prêts à faire feu sur le moindre périscope, ou la moindre carène qui surgirait à la surface des flots. Les qualités de promptitude de tir sont, en effet, essentielles dans ce genre de chasse, ainsi que dans le guet de la macreuse, où il faut saisir l’instant propice pour lâcher le coup de fusil sur le gibier en perpétuel mouvement d’immersion.

Les chalutiers ont-ils détruit beaucoup de sous-marins ? C’est là un secret qu’il est assez difficile de divulguer. Les communiqués officiels nous ont appris à diverses reprises que des patrouilleurs avaient pu canonner à courte distance des sous-marins allemands. Une tache d’huile répandue sur les vagues avait laissé supposer que l’adversaire avait été blessé à mort. Il est très probable, quoiqu’on n’ait pu avoir à cet égard aucune précision, que plusieurs submersibles ont été ou détruits ou avariés par nos chalutiers. Mais ceux-ci ont surtout été utiles en pourchassant leurs ennemis et en les empêchant de faire leurs mauvais coups. En fait, pendant quelques mois nous avons bénéficié d’une accalmie dans la campagne sous-marine qu’il faut en grande partie attribuer à l’action des patrouilleurs.

Ceux-ci, ainsi que nous l’avons dit, sont réunis en flottilles ; ils sont administrés dans la forme admise pour les torpilleurs. Un bâtiment central commandé par un officier supérieur, assisté d’un conseil d’administration comprenant un commissaire de la marine, est chargé de pourvoir le chalutier de tout ce dont il a besoin : solde, vivres, matériel, charbon, etc., et de faire procéder à son entretien et à sa réparation. Les flottilles sont elles-mêmes divisées en escadrilles et en sections, dernier groupement tactique de la flottille. Il y a une flottille de la Manche et de la mer du Nord, une flottille de l’Océan, une flottille de l’Armée navale, répartie elle-même en de nombreuses escadrilles : Adriatique, Levant, Algérie, etc. ; on comprendra que je n’insiste pas davantage.)