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l’industrie de la pêche offrait à la Marine, d’après les indications de l’annuaire du Syndicat des armateurs de France, annuaire qui est connu des Allemands.

Il existe plusieurs variétés de chalutiers à vapeur. Ceux qui naviguent à la grande pêche sur les bancs de Terre-Neuve ou d’Islande sont les plus puissans. Leur tonnage dépasse souvent 500 tonneaux de jauge brute ; leur puissance atteint 800 chevaux donnant de 10 à 12 nœuds, leur tirant d’eau varie de 4m,50 à 5 mètres. Le Nord Caper, qui appartient à cette série, a les caractéristiques suivantes : 417 tonnes, 650 chevaux, sa vitesse est de 11 nœuds. Le type de chalutier le plus commun est le pêcheur côtier avec 225 tonneaux de jauge et une puissance de 360 à 400 chevaux pouvant donner 9 nœuds. Tels sont par exemple les navires de la Société des Pêcheries d’Arcachon. Enfin, à côté des chalutiers proprement dits, on rencontre les cordiers, qui peuvent être beaucoup moins robustes, puisqu’ils se bornent à tendre les lignes et ne relèvent pas de filets. Les cordiers ne jaugent guère plus de 100 à 150 tonnes.

Le port le plus important de chalutage à vapeur est sans contredit celui de Boulogne-sur-Mer, qui possédait en 1913 une flotte de 135 vapeurs : puis vient Arcachon avec 38 unités ; La Rochelle avec 29 ; Dieppe avec 24 ; Lorient avec 19 ; Calais avec 11 ; Alger avec 8 chalutiers, etc. Au moment de la déclaration de guerre, leur total devait dépasser 200 unités environ. Ce genre de pêche était loin d’avoir atteint le développement qu’il aurait dû prendre. Dans certains quartiers, les inscrits s’étaient formellement opposés à l’installation des pêcheries à vapeur, redoutant que celles-ci ne vinssent à tarir la source de revenus des pêcheurs à voile. Les pouvoirs publics, ne se doutant pas que les chalutiers à vapeur seraient si précieusement employés pendant la guerre, n’avaient pas su vaincre ces résistances locales. C’est pourquoi nous avons, somme toute, rencontré si peu de navires de pêche à vapeur, lorsqu’il s’est agi de les réquisitionner.

La transformation d’un chalutier en patrouilleur est la chose la plus simple du monde. Le navire débarque ses filets et conserve son équipage industriel, auquel il est adjoint des matelots fusiliers ou canonniers et un opérateur de T. S. F. quand c’est nécessaire. Un commandant, choisi parmi les enseignes de vaisseau, les premiers maîtres de la flotte, ou les