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REVUE MUSICALE

LE SECOND ACTE DE GUILLAUME TELL

C’est une idée heureuse — pour plusieurs raisons, que nous allons déduire, — d’avoir inscrit au programme des spectacles-concerts de l’Opéra le second acte de Guillaume Tell. Parmi ces raisons, quelques-unes sont d’aujourd’hui ; une autre est de toujours. Guillaume Tell, sujet suisse, traité par un musicien d’Italie, pour la scène française, nous fournit une excellente occasion d’honorer deux nations voisines et de les remercier : l’une de son concours, l’autre, de ses bienfaits. On a pu croire un instant, à la suite d’une « affaire » récente, que « l’Helvétie entière », comme dit Arnold, allait entonner, d’une seule voix, ou peu s’en faut, le célèbre anathème :


Si parmi nous il est des traîtres,
Que le soleil, de son flambeau
Refuse à leurs yeux la lumière.


Mais laissons cela, qui n’est plus en question. Quoi qu’il en soit, nul n’ignore en France et n’oubliera jamais l’accueil généreux, la réception triomphale, à la fois consolatrice et vengeresse, que le peuple suisse ne se lasse pas de faire au cortège incessant de nos blessés, de nos malades ou de nos prisonniers délivrés. En ce pays de l’hospitalité par excellence, toutes les hôtelleries sont devenues semblables à celle où naguère le Bon Samaritain conduisit un homme que des voleurs également avaient surpris et dépouillé.

Autre chose, et qui va sans dire : dans le temps où nous sommes, le second acte de Guillaume, l’acte patriotique et populaire par excellence, a tout ce qu’il faut, comme s’exprime encore un personnage